Confrontée à un regain d'incertitude, la Bourse de Paris a ralenti sa progression depuis une dizaine de jours et devrait être suspendue la semaine prochaine à l'actualité américaine et aux moindres rumeurs sur l'évolution de la politique monétaire de la Réserve fédérale.
Durant la semaine écoulée, l'indice CAC 40 a cédé 0,20% et terminé vendredi à 3.948,59 points. Depuis le 1er janvier, il a toutefois gagné 8,45% et 2,3% en mai.
Après avoir évolué depuis le début de l'année de manière plutôt paisible, le marché parisien vit depuis le 22 mai et la chute brutale de la bourse de Tokyo des séances difficiles qui pourraient laisser présager un retournement de tendance.
Un regain de volatilité qui se traduit par une grande fébrilité de la part d'investisseurs hésitants et moins convaincus de la pertinence de la progression des bourses.
A l'origine de ce changement d'environnement, les interrogations sur les politiques monétaires des banques centrales et notamment sur celle de la Réserve fédérale américaine (Fed) qui pourrait, en changeant de cap, être moins favorable aux marchés actions.
C'est ce qui tient en haleine les marchés, notent les gérants de portefeuilles. Dès que des rumeurs laissent prévoir un arrêt des mesures de soutien à l'économie de la part de la Fed, les indices baissent.
La semaine prochaine, de nombreux indicateurs américains vont être publiés dont le fameux chiffre sur l'emploi en mai, qui devraient influer sur les membres de la Fed pour modifier ou non leur politique monétaire.
"On se trouve dans une drôle de configuration où le marché espère et accueille favorablement les mauvaises nouvelles macroéconomiques américaines car cela signifie que la Fed va être obligée de poursuivre sa politique de rachats d'actifs sur le marché pour soutenir une économie vacillante", explique Franklin Pichard, directeur chez Barclays Bourse.
Situation paradoxale
Une situation jugée "paradoxale" par le courtier CMCMarket: "L'économie américaine semble sur la voie de retrouver son souffle mais, au même moment, ses points hauts boursiers sont menacés".
"La Fed fait peur", lancent les analystes de Aurel.
Les investisseurs suivront par ailleurs avec grande attention jeudi la réunion mensuelle de la Banque centrale européenne (BCE).
Aucune mesure concrète n'est attendue, selon les analystes du CM-CIC qui estiment que les deux mesures à l'étude --mise en place de taux d'intérêt négatif sur les dépôts bancaires et créations de titres adossés à des actifs pour aider l'économie-- ne seront pas prises dans l'immédiat.
Quant aux perspectives macroéconomiques dans le monde, elles sont toujours aussi contrastées et ajoutent à l'hésitation des boursiers.
Pour les économistes de Aurel, "la tendance continue à la hausse du marché est inquiétante et pourrait indiquer la formation d'une bulle d'optimisme ou d'une exubérance irrationnelle". Nombreux sont ceux qui plaident en conséquence pour une consolidation après une hausse de 13% en 4 semaines entre mi avril et mi mai.
Face à ce faisceau de doutes, les investisseurs trouvent du réconfort dans la multiplication des opérations boursières dans le monde qui brassent des milliards de dollars.
"Les entreprises utilisent leurs liquidités pour investir car elles voient des signes positifs. Serait-ce un indicateur avancé d'une amélioration prochaine et solide de l'économie mondiale ?", s'interroge M. Pichard.