La Bourse de Tokyo a terminé la séance de jeudi sur un nouveau plongeon de 5,15%, le marché japonais se montrant très fébrile depuis une semaine après six mois fastes.
L'indice Nikkei 225 des valeurs vedettes a perdu en clôture 737,43 points à 13.589,03 points, dans une activité très intense de 4,48 milliards d'actions échangées sur le premier marché.
Les investisseurs ont vendu à tour de bras à cause d'une légère remontée du yen, un phénomène qui réduit mécaniquement la valeur des revenus des groupes japonais à l'étranger, une fois convertis en monnaie nippone.
Ce petit rebond de la devise japonaise, qui a perdu quand même 25% de sa valeur en six mois face au dollar et à l'euro, semblait toutefois limité et les ventes observées jeudi ont traduit surtout une grande fébrilité.
"Les investisseurs restent choqués par les récentes turbulences du marché. Ils ne voient pas la fin du mouvement de baisse actuel", a expliqué à l'AFP Hirokazu Kabeya, courtier chez Daiwa Securities.
Un vaste mouvement de prises de bénéfices a débuté sur la place de Tokyo jeudi dernier, lorsque le Nikkei a plongé de 7,32% en une seule séance. Il a encore perdu plus de 3% lundi, remontant à peine depuis avant de rechuter ce jeudi.
Avant cette série de plongeons, l'indice vedette s'était envolé de près de 80% en six mois, dopé par la perspective d'une politique monétaire autrement plus accommodante de la part de la Banque du Japon (BoJ), que l'institut d'émission a finalement mise en place depuis début avril.
Un marché vulnérable au moindre choc
Mais traumatisé par le première chute de la semaine dernière, "le marché est vulnérable au moindre choc" désormais, a averti M. Kabeya.
Outre le mini-rebond du yen, les opérateurs ont trouvé une motivation à vendre dans la baisse subie par Wall Street mercredi, sur fond d'inquiétude pour la politique monétaire de la Banque centrale américaine (Fed).
Les investisseurs de la place de Tokyo, où les fonds spéculatifs étrangers sont revenus en masse ces derniers temps, ont aussi tenu compte des prévisions de croissance maussades publiées mercredi par l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
L'OCDE a réduit ses projections de croissance 2013 pour la quasi-totalité des pays développés. Le Japon a certes constitué l'une des rares exceptions, avec une prévision relevée, mais les exportations de l'archipel risquent de souffrir de ce marasme mondial, d'autant que la croissance chinoise semble aussi se révéler inférieure aux attentes initiales.
Des courtiers ont en outre fait observer que la récente montée des taux d'intérêt à long terme aux Etats-Unis comme au Japon attirait hors du marché d'action certains investisseurs, davantage tentés par ces placements fixes désormais plus rémunérateurs.
Au Japon, le marché obligataire est perturbé depuis la décision de la BoJ de doubler la masse monétaire du pays en deux ans pour sortir la troisième puissance économique mondiale de la déflation.
La banque centrale procède pour ce faire à des acquisitions faramineuses d'obligations d'Etat sur le marché, mais cette intrusion semble avoir introduit un élément d'incertitude peu apprécié par les opérateurs.
Jeudi 23 mai, la brève montée au-delà de 1% du taux d'intérêt de l'obligation d'Etat japonaise à dix ans, qui fait référence, avait constitué l'un des catalyseurs de la chute initiale de la Bourse de Tokyo.