La Banque des règlements internationaux (BRI) a appelé lundi les gouvernements à mettre un terme aux programmes de relance économique dès que le secteur financier sera suffisamment réparé, craignant que ces plans n'induisent trop d'inflation et de protectionnisme.
"Dès qu'apparaîtront les signes incontestables d'une reprise, il faudra mettre fin rapidement à ces mesures de stimulation", a estimé le directeur général de la Banque des règlements internationaux (BRI).
"Leurs effets inflationnistes (...) pourraient dès à présent perturber les marchés de la dette souveraine ce qui pourrait gravement remettre en question l'ampleur des interventions des pouvoirs publics et contraindre ceux-ci à se désengager précipitamment", a prévenu Jaime Caruana, lors de l'assemblée générale de la "banque centrale des banques centrales" à Bâle, en Suisse.
Les programmes conjoncturels atteignent l'équivalent de 5% du PIB mondial et sont destinés à contrer les effets de la pire crise économique depuis la fin de la Seconde guerre mondiale.
Mais la BRI a averti que le système financier devait d'abord être entièrement réparé avant d'envisager la sortie de crise. L'institut d'émission veut ainsi "forcer le secteur bancaire à encaisser des pertes", a-t-il martelé dans son rapport annuel.
Les banques doivent aussi continuer à se débarrasser de leurs actifs toxiques, réduire leurs surcapacités et rétablir leurs fonds propres, juge l'institut d'émission.
Une étape dans ce sens pourrait déjà être atteinte, a estimé samedi le Conseil de stabilité financière (CSF), organisme chargé de surveiller la finance internationale.
"Nous avons plus ou moins retrouvé le niveau où nous étions avant (la faillite du géant bancaire américain, ndlr) Lehman, mais nous ne sommes toujours pas revenus à celui d'avant la crise", a expliqué le président du CSF Mario Draghi.
"Quand l'heure sera venue, nous devrons essayer de coordonner nos stratégies de sortie" de crise, a-t-il précisé.
Pour M. Caruana, "retarder ce désengagement du secteur public ne ferait que pérenniser les distorsions de concurrence", bien qu'il sera difficile d'arbitrer entre une sortie trop précoce et trop tardive.
"Une sortie précoce serait hasardeuse", mais "il serait plus hasardeux encore de se désengager trop tardivement et trop lentement", selon le patron de la BRI.
Face aux programmes de relance et aux interventions des banques centrales sur les marchés monétaires, le directeur général a constaté que "des signes de protectionnisme et d'une préférence nationale plus marquée (...) sont apparus récemment".
"Il faut résister à tout mouvement conduisant à un tel monde", a-t-il lancé, soutenant un "redimensionnement" du secteur financier, mais aussi une "élimination des excédents" dans le bâtiment et l'automobile.
Une fois le système bancaire réparé, la BRI recommande de réduire les dépenses publiques et de relever les impôts dès qu'une croissance stable sera de retour.
Dans ses dernières prévisions, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) prévoit pour ses pays membres une baisse du produit intérieur brut (PIB) de 4,1% en 2009, suivi d'une lente reprise l'année suivante avec une croissance de 0,7%.