La France a frôlé lundi son record de consommation d'électricité sous l'effet des températures glaciales, sans que le réseau électrique ne subisse de pépins, alors que le Var et les Alpes-Maritimes avaient été placés en "alerte rouge" par crainte de coupures.
RTE, filiale d'EDF qui gère le réseau haute tension national, a enregistré une consommation d'environ 96.300 mégawatts (MW) à l'heure de pointe (19H), manquant ainsi de peu le précédent sommet établi à la mi-décembre 2010 (96.710 MW). Jeudi dernier, elle avait déjà presque failli battre ce record.
Aucun incident notable n'a été signalé sur le réseau électrique. Si EDF et les autorités avaient écarté tout risque de "black-out" national, grâce à la forte disponibilité du parc de réacteurs nucléaires, le Var et les Alpes Maritimes avaient été placés en "alerte rouge" face à un "risque réel" de coupures localisées, tandis que la Bretagne était en "alerte orange".
Ces régions, maintenues pour mardi en "alerte orange", sont particulièrement sensibles aux risques de coupures, car elles ne produisent qu'une fraction du courant qu'elles utilisent. Ce qui les oblige à importer des électrons d'autres régions et met leurs lignes électriques à rude épreuve. Leurs habitants avaient donc été invités à réduire leur consommation pour éviter tout problème.
Ces appels à la modération ont peut-être porté leurs fruits, car RTE avait prédit que le sommet de fin 2010 serait dépassé ce lundi d'environ 1.000 mégawatts. Mais ce record pourrait toutefois finir par être dépassé mardi : RTE anticipe une consommation de 98.200 mégawatts à 19H00 ce jour-là, mais cette prévision sera affinée en fonction des prévisions météo.
"Les prévisions météorologiques confirment le maintien de températures 9 à 10 degrés inférieures aux normales saisonnières dans les prochains jours. Il faut donc que nous restions tous mobilisés pour assurer la sécurité d'approvisionnement électrique de l'ensemble des Français", a déclaré à l'AFP le ministre de l'Energie Eric Besson.
- précarité énergétique -
Le bond de la consommation électrique a par ailleurs relancé les critiques sur le modèle énergétique français, l'Observatoire du nucléaire accusant les autorités de ne pas admettre "la faillite de leur stratégie basée sur le nucléaire et le chauffage électrique", principale cause des pics.
Mais M. Besson a répliqué que si la France avait fermé la moitié de ses réacteurs, "comme le demandent François Hollande et Eva Joly", elle serait aujourd'hui obligée d'importer massivement du gaz de Russie (actuellement 3e fournisseur de GDF Suez, derrière la Norvège et les Pays-Bas), la faute au rendement faible ou nul des centrales éoliennes et solaires aux heures de pointe.
"Notre socle d'énergie nucléaire, c'est ce qui permet à la France et aux Français de ne pas dépendre de la Russie pour leur chauffage et leur électricité", a-t-il dit lors d'une visite du centre de contrôle de RTE à Saint-Denis, près de Paris.
Le géant gazier russe Gazprom avait admis ce week-end avoir réduit ses livraisons de gaz à l'Europe, pour satisfaire en priorité la demande nationale. Par ailleurs, le froid a ravivé le débat sur la "précarité énergétique", qui frappe des millions de ménages.
Le gouvernement a assuré la semaine dernière que l'attribution automatique des tarifs sociaux de l'énergie à tous les foyers qui y ont droit était bien applicable depuis le 1er janvier, comme il s'y était engagé. Et ce, même si le décret encadrant ce dispositif n'est pas encore paru, ce qui avait suscité l'inquiétude d'élus.
De plus, le patron d'EDF Henri Proglio a promis qu'aucun ménage ne serait privé de courant pendant cette vague de froid. "Nous ne couperons aucun Français, aucun consommateur pendant la période de grand froid", a-t-il réaffirmé lundi.