Berlin a légèrement relevé sa prévision de croissance économique pour 2014 et assuré que l'économie allemande accélérerait encore en 2015, toujours nourrie surtout par la demande intérieure, ce dont pourrait profiter l'ensemble de l'Europe.
"L'Allemagne a de bonnes perspectives économiques dans les années à venir", a assuré le ministre de l'Economie et vice-chancelier, Sigmar Gabriel.
Dans son nouveau rapport économique annuel, le gouvernement allemand indique tabler désormais sur une progression du Produit intérieur brut (PIB) de 1,8% en 2014, contre 1,7% annoncé l'automne dernier, et a livré pour la première fois une prévision de croissance pour 2015, de 2%.
Un tel niveau de croissance marquerait une nette accélération après deux années faiblardes, avec +0,4% en 2013 et +0,7% en 2012.
Les attentes de Berlin se situent désormais légèrement au-dessus de celles du Fonds monétaire international et de la Banque centrale allemande, qui tablent respectivement sur une croissance de la première économie européenne de 1,6% et 1,7%.
Du côté des milieux économiques allemands, certains n'ont pas hésité à pousser plus loin l'optimisme. La puissante fédération de l'industrie (BDI), par exemple, a assuré que la croissance du pays pouvait atteindre 2% dès 2014, en assortissant bien sûr cette projection de réclamations au gouvernement d'Angela Merkel, rassemblant sociaux-démocrates et conservateurs.
La croissance sera "soutenue par le marché intérieur", a souligné M. Gabriel, ce qui confirme un récent changement du paradigme qui voyait la croissance économique du pays reposer essentiellement sur ses exportations. Ce basculement a déjà été net en 2013.
Cette solidité du marché intérieur s'appuie d'abord sur un marché de l'emploi qui devrait rester au mieux de sa forme, avec un nombre record de 42,1 millions de travailleurs attendu en 2014 et une légère décrue du chômage à 6,8%.
Revendication des sociaux-démocrates, le pays doit instaurer progressivement au niveau national un salaire minimum de 8,50 euros par heure, un possible soutien à la consommation.
Les défis pour l'Allemagne
Cette "dynamique du marché intérieur allemand n'est pas seulement une bonne nouvelle pour l'Allemagne, mais aussi pour nos partenaires en Europe", a assuré M. Gabriel, dans un message destiné à être entendu en dehors des frontières allemandes.
L'Allemagne devrait continuer à faire mieux que la zone euro en moyenne. Pour 2014, la Banque centrale européenne (BCE) attend une croissance de 1,1% pour la région encore en phase de convalescence.
Vivement critiquée ces derniers mois tant par les Etats-Unis que par Bruxelles sur l'ampleur de son excédent commercial, encore record en 2013, qui pénaliserait ses principaux partenaires, l'Allemagne devrait cette année réduire ce surplus.
En effet, la hausse des exportations est attendue de 4,1%, alors que celle des importations devrait atteindre 5%, laissant dire à Berlin que par leurs importations et leurs investissements à l'étranger, les entreprises allemandes "alimentent la reprise économique en Europe".
Mais ce pronostic est basé sur l'hypothèse d'une poursuite de la reprise de l'économie mondiale, d'un non-retour de la crise en zone euro, ainsi que de niveaux de taux de change et de prix du pétrole stables.
Outre les "dangers" externes d'une rechute de l'économie européenne ou d'une régulation insuffisante des marchés financiers, l'Allemagne a aussi ses propres défis à surmonter pour rester un bon élève. Sigmar Gabriel a énuméré le manque de personnel qualifié, les prix de l'énergie, le déficit d'investissements privés et publics. Des challenges auxquels le nouveau gouvernement a promis de s'attaquer.
Cela ne l'empêchera pas de marcher sur les pas du précédent, sous la houlette de l'inamovible ministre des Finances Wolfgang Schäuble, en matière de politique budgétaire stricte. Après un maigre déficit en 2013, l'Allemagne vise des finances publiques complètement à l'équilibre en 2014.