La France a emprunté jeudi pour la première fois à un taux inférieur à 2% à échéance 10 ans sur le marché lors d'une opération de moyen et long terme, selon les résultats communiqués par l'Agence France Trésor (AFT).
Le pays a levé 2,006 milliards d'euros sur cette échéance de référence (octobre 2022) au taux de 1,94%, un plus bas historique, contre 2,10% lors de la dernière opération similaire le 7 mars.
Le taux d'emprunt de la France était déjà passé à plusieurs reprises sous 2% depuis décembre 2012 mais sur le marché secondaire (où s'échange la dette émise) mais jamais jusque-là lors d'une émission obligataire.
Au total, lors de l'opération de jeudi matin, la France a emprunté 6,971 milliards d'euros, bénéficiant d'une forte demande des investisseurs, environ trois fois supérieure à l'offre du Trésor. Le pays entendait emprunter entre 6 et 7 milliards d'euros.
En dehors de l'échéance à 10 ans, le pays a levé 2,495 milliards d'euros à échéance 7 ans (avril 2020) au taux de 1,26% (contre 1,46% le 3 janvier) et 2,470 milliards à échéance 8 ans (avril 2021) au taux de 1,54% (contre 3,61% le 3 février 2011).
Dans la foulée, sur le marché secondaire, le taux d'emprunt à 10 ans de la France reculait vers 12H30 à 1,952%, contre 1,988% mercredi à la clôture.
"La dette de la France se comporte bien dans un environnement où la perception du risque est un peu remonté en zone euro", après la crise à Chypre et du fait de l'impasse politique en Italie, souligne Patrick Jacq, stratégiste obligataire chez BNP Paribas.
La dette française attire par ailleurs toujours beaucoup d'investisseurs étrangers, puisqu'elle est considérée comme assez sûre et permet d'obtenir un meilleur rendement que les obligations allemandes.
"Il y a également un effet positif lié aux nouvelles mesures de la Banque du Japon qui va fournir de nombreuses liquidités au marché. Du coup, les investisseurs vont avoir tendance à racheter des obligations de la zone euro, en particulier celles jugées les plus sûres", selon M. Jacq.
La banque centrale du Japon (BoJ) a décidé jeudi d'accélérer et amplifier ses mesures d'assouplissement, afin de doubler la base monétaire en deux ans pour atteindre dans le même temps son objectif d'inflation de 2%.
Cela passera notamment par une augmentation des achats exceptionnels d'obligations d'Etat de 50.000 milliards de yens par an (410 milliards d'euros), en étendant la gamme à toutes les maturités, y compris celle de 40 ans.