L'économie française, plombée par le calvaire de la zone euro, va droit vers la récession selon la Banque de France, dont les dernières prévisions sont de mauvais augure pour le gouvernement à l'heure de boucler un budget 2013 déjà compliqué.
La Banque de France (BdF) a annoncé mercredi tabler sur un recul de 0,1% du produit intérieur brut (PIB) au troisième trimestre, qui succèderait à un repli du même ordre déjà anticipé pour le deuxième.
Si ses prévisions se réalisent, l'Hexagone, avec deux trimestres consécutifs de contraction de son économie, replongerait alors officiellement dans une récession qu'il n'a plus connue depuis le printemps 2009.
"Le combat que nous menons est un combat pour la croissance, et ce n'est pas un combat perdu", a cependant assuré le ministre de l'Economie Pierre Moscovici dans une interview à Nice-Matin à paraître jeudi. "Nous nous battrons pour que la prévision de 1,2% (de croissance du PIB) pour 2013 soit atteinte voire dépassée", a-t-il enchaîné.
L'Insee publiera à son tour mardi sa première estimation de la croissance au deuxième trimestre 2012, un chiffre très attendu par le gouvernement comme par les marchés ou les partenaires de la France au sein de la zone euro.
Au premier trimestre, l'économie française avait stagné après avoir affiché une croissance honorable de 1,7% l'an dernier.
Pour Jean-Paul Betbèze, économiste en chef du Crédit Agricole, les mauvais chiffres publiés mercredi par la Banque de France sont "tout sauf une surprise, malheureusement".
Ils résultent selon lui d'un "ralentissement mondial de l'économie et tout particulièrement de la crise européenne". Ces facteurs, explique-t-il, ont "encore renforcé l'inquiétude des ménages qui épargnent de plus en plus et consomment de moins en moins".
Ils pèsent de la même manière sur le moral des entrepreneurs. "Convaincus que la croissance sera faible, ils sont plus pessimistes sur la fin de l'année et réduisent investissements et stocks", explique l'économiste.
Jean-Paul Betbèze, qui "espère une amélioration en fin d'année", s'attend à une croissance "maximum" sur l'ensemble de 2012 de 0,2 à 0,3%. "La sortie de crise est extrêmement lente", relève-t-il.
"Inquiet" pour la croissance
Le gouvernement a lui-même abaissé ses prévisions de croissance début juillet, ramenées à 0,3% pour 2012 et environ 1,2% pour 2013, contre 0,4% et 1,7% espérés auparavant.
Pierre Moscovici a admis la semaine dernière être "inquiet" pour la croissance tout en assurant qu'il n'envisageait pas d'abaisser une nouvelle fois sa prévision pour 2012.
De nouveau interrogé mercredi par la presse en marge d'une visite d'entreprise en Corse, il a confirmé que la France maintenait ses prévisions de croissance officielles en l'état, réaffirmant sa volonté de ramener les déficits publics à 3% du PIB en 2O13.
Le net ralentissement de l'économie complique cependant l'équation budgétaire. Le Parlement, réuni en session extraordinaire, a déjà voté fin juillet une loi de finances rectificative du budget 2012 qui prévoit 7,2 milliards d'euros de hausses d'impôts supplémentaires et 1,5 milliard d'euros de gel de dépenses.
Mais ce texte n'est qu'un avant-goût du budget 2013, qui supposera un effort bien plus considérable encore, évalué par la Cour des comptes à 33 milliards d'euros.
A la mi-juillet, le FMI a légèrement revu à la baisse ses prévisions de croissance pour la France. Tout comme le gouvernement, il prévoit une progression de 0,3% du PIB cette année. Il est en revanche plus pessimiste pour 2013, avec une prévision de 0,8%.
Principal moteur de la croissance, la consommation des ménages a très légèrement progressé en juin (0,1%) mais a fléchi de 0,2% sur l'ensemble du deuxième trimestre, selon l'Insee.
Une mauvaise nouvelle n'arrivant jamais seule, les Douanes ont annoncé mercredi que le déficit commercial de la France, en léger repli au premier semestre, a rechuté en juin avec un creusement à près de six milliards d'euros.