Trois ans après la crise de 2008, la France connaît une nouvelle chute des ventes de logements neufs (-24% au premier trimestre) qui devrait faire repasser le total de l'année 2011 sous la barre symbolique des 100.000 unités.
Les ventes ont plongé de 24% au premier trimestre 2011 par rapport au trimestre correspondant de 2010, a annoncé Marc Pigeon, président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), mercredi lors d'une conférence de presse.
"Ce net fléchissement des ventes plus important que ce qui était prévu" devrait amener le chiffre total des ventes des promoteurs pour 2011 sous la barre des 100.000 unités, au lieu des 110.000 envisagés jusqu'à présent, contre 115.000 en 2010 et 106.000 en 2009, selon M. Pigeon.
Pour le président de la FPI, il est encore trop tôt pour savoir si les chiffres des trois premiers mois sont "un trou d'air ou une tendance qui va se poursuivre".
Plusieurs raisons expliquent, selon M. Pigeon, cette forte baisse: la diminution de l'attractivité du dispositif pour les investisseurs achetant pour louer, le manque d'offre, le lent démarrage du Prêt à taux zéro (PTZ)+ dans le neuf, l'augmentation des prix des bâtiments basse consommation (BBC) et la hausse des taux d'intérêt.
Toutes les régions sont touchées par ce phénomène, même l'Ile-de-France (-16%), à l'exception notable de la Côte d'Azur (+12%).
Les baisses les plus fortes sont enregistrées dans l'agglomération de Lyon (-48%), l'Auvergne (-44%), la Provence et le Centre (-43%), la communauté urbaine de Strasbourg (-35%), la Bretagne (-34%), Toulouse (-30%), la Normandie (-29%) et l'agglomération de Lille (-25%).
La principale raison de ce retournement de tendance réside dans la moindre appétence des investisseurs achetant pour louer, afin de bénéficier du "dispositif Scellier", qui a vu cette année son taux de réduction d'impôts baisser à 22% (contre 25%) pour les logements BBC et à 13% (contre 15%) pour ceux ne respectant pas cette norme.
Dans ce segment de marché, qui représentait près des deux tiers des ventes en 2009 et 2010, la diminution est de 35% par rapport au premier trimestre 2010 et même de 46% par rapport au dernier trimestre 2010 qui avait vu un afflux d'acheteurs avant le "rabotage" des réductions d'impôts.
Autre raison: la forte hausse des prix (+7% sur un an, malgré une stabilisation par rapport au 4e trimestre 2010). La principale cause réside dans les surcoûts, nécessaires pour obtenir une baisse des consommations d'énergie, estimés entre 3,5% et 5% et la hausse des prix des terrains (1% à 1,5%), en raison de la pénurie foncière qui persiste.
La forte hausse des taux d'intérêt des crédits immobiliers, 3,74% en avril contre un plus bas depuis la dernière guerre atteint en novembre (3,22%), qui devrait se poursuivre jusqu'à la fin de l'année, dissuade également de nombreux acheteurs.
Cette baisse des ventes devrait avoir des incidences dans les prochains mois sur les permis de construire puis les mises en chantier.
Bénéficiant encore des effets du plan de relance, le nombre de mises en chantier de logements neufs (95.548) a bondi de 35,5% sur un an au premier trimestre tandis que le nombre de permis de construire (108.044) a augmenté de 16,5%.
Pour inverser à la hausse la tendance des ventes, les promoteurs fondent beaucoup d'espoir sur les réformes que le gouvernement annoncera, les 26 et 27 mai, dans le secteur de l'urbanisme, principalement en matière de fiscalité sur les terrains à bâtir.
"Il y a moyen de débloquer beaucoup de choses", notamment les 13.000 à 15.000 logements qui sont bloqués à cause de recours abusifs, a assuré M. Pigeon.