La Grèce respirait mercredi après le relèvement de la notation de Standard and Poor's, mais des inquiétudes demeuraient sur la cohésion sociale du pays en récession économique, alors que doivent être mises en oeuvre les nouvelles mesures d'austérité obtenues par les bailleurs de fonds.
Le relèvement de six points d'un coup par l'agence de notation financière Standard and Poor's de la note de la Grèce, après plus de deux ans de descente aux enfers et de quasi-faillite, constitue un "vote de confiance" envers le pays qui a accepté tous les sacrifices qu'on lui demandait, se sont réjouis le gouvernement grec et une partie de la presse mercredi.
La Bourse d'Athènes a clôturé en forte hausse (+4,81%), à 878,41 points mercredi.
La décision de Standard and Poor's "crée un sentiment de confiance. Nous ne l'avions pas anticipée. Elle est une autre récompense, un premier pas vers la reconnaissance des efforts et des sacrifices du peuple grec", a déclaré le ministre des Finances Yannis Stournaras devant le Parlement mercredi.
Deuxième élément positif : la mise en place d'un outil de financement à hauteur de 500 millions d'euros par la Banque européenne d'investissement (BEI) permettant de soutenir les exportations grecques, en accordant des garanties aux entreprises à la place des banques commerciales en difficulté.
Cet outil annoncé mardi devrait servir de bouée aux entreprises grecques étranglées par l'absence de liquidités, et peut-être commencer d'amorcer le début de reprise tant attendu après cinq ans de récession, même si économistes et bailleurs de fonds sont déjà résignés à une sixième année de récession en 2013.
Troisième signe de normalisation, la Banque centrale européenne (BCE) va accepter de nouveau des banques qu'elles déposent en garantie auprès d'elle des titres de dette émis par la Grèce, après le rapport positif de la troïka sur les réformes menées par le pays.
Le 20 juillet, l'institut monétaire de Francfort avait cessé temporairement d'accepter ces titres dans l'attente du rapport de la troïka.
Mercredi, le pays a reçu de la zone euro un versement de 16 milliards d'euros qui s'ajoute aux sept milliards versés lundi, a indiqué une source bancaire européenne à l'AFP.
Quelque 11,3 milliards doivent encore être versés pour atteindre les 34,3 promis par les bailleurs de fonds européens de la Grèce. Athènes espère aussi le déblocage par le Fonds monétaire international de sa propre contribution à cette nouvelle perfusion, d'un montant de 3,4 milliards.
Concrètement, après la grande panique du printemps qui avait fait fondre les dépôts bancaires par crainte d'une sortie imminente de la Grèce de la zone euro, une source bancaire a confirmé à l'AFP le retour à la normale.
"En septembre et en octobre nous avons vu les dépôts bancaires augmenter d'un milliard d'euros par mois, et on parle d'une nouvelle progression de 700 millions en novembre" a confié cette source à l'AFP.
Autre illustration du dégel financier, les banques grecques, qui vont pouvoir être recapitalisées grâce à la manne européenne, vont être en mesure d'annoncer rapidement leurs résultats des neuf premiers mois de l'année.
L'annonce avait été différée dans l'attente des résultats des négociations entre la Grèce et ses créanciers. Eurobank doit ouvrir le bal jeudi.
Mais, alors qu'une grève dans la fonction publique a ralenti le pays mercredi, les syndicats dénonçant les mesures d'austérité consenties pour obtenir l'aide internationale qui "plongent le pays dans la misère", la presse s'inquiétait aussi des nouveaux relèvements de taxes et de tarifs de l'électricité tout juste annoncés.
"Il y a un net changement dans la perception" internationale de la Grèce, a résumé le chef économiste de la banque Eurobank, Platon Monokroussos. "La Grèce a une chance maintenant" (...) et "nous pourrions voir des signes tangibles de stabilisation de l'économie vers la fin 2013", mais "2013 sera une année difficile" a-t-il averti.
"La situation économique reste difficile en raison des mesures d'austérité budgétaires importantes consenties en 2013, qui portent sur 9 milliards d'économies", a-t-il dit.
Au menu, baisses des pensions de retraites, du traitement de certains fonctionnaires, suppressions de postes dans la fonction publique, et surtout hausse importante des taxes pesant sur la classe moyenne, tandis que les entreprises exigent des allègements d'impôts pour faire repartir l'économie.
De Washington, le groupement des plus grandes banques mondiales a lui aussi mis en garde contre tout optimisme excessif sur une sortie du pays de la crise.
Des risques "importants" continuent de peser sur la Grèce, a estimé dans un rapport l'Institut de la finance internationale (IIF), invoquant la poursuite de la récession et les risques d'instabilité politique au vu de la sévérité de la cure de redressement.