Investing.com - La récente réélection d'Erdoğan à la présidence de la Turquie a ravivé les craintes d'une nouvelle chute de la lira s'il poursuit les politiques économiques actuelles. Ces entreprises estiment que de telles stratégies ne sont pas viables, compte tenu du taux d'inflation de plus de 40 % du pays.
Erdoğan a battu son adversaire Kemal Kılıçdaroğlu au premier tour, ce qui a entraîné une augmentation des coûts d'assurance de la dette turque contre le défaut de paiement. Ce résultat a renversé les espoirs des investisseurs qui pensaient que Kılıçdaroğlu aurait mis en œuvre des politiques économiques plus conventionnelles après son entrée en fonction.
L'agence de notation Moody's Investors Service a exprimé son inquiétude quant aux conséquences potentielles d'un nouveau mandat du président Erdoğan, déclarant qu'il pourrait en résulter "une inflation persistante très élevée et de graves pressions monétaires". Le gouvernement turc a eu recours à diverses méthodes non conventionnelles pour stabiliser son économie de 900 milliards de dollars, y compris des contrôles stricts sur les transferts de devises étrangères et des comptes d'épargne spéciaux lancés l'année dernière pour protéger les déposants des fluctuations de la valeur de la lire.
Malgré ces mesures qui ralentissent la dépréciation de la monnaie turque, les analystes estiment que la lire reste surévaluée en raison des efforts prolongés des banques centrales pour soutenir sa valeur. Rien qu'au cours des deux dernières années, la lire a perdu près de 60 % de sa valeur par rapport au dollar américain.
Le déficit record des comptes courants de la Turquie, qui s'élève à 24 milliards de dollars pour le premier trimestre de cette année, est un autre problème qui jette de l'huile sur le feu. Selon Erich Arispe, directeur principal de Fitch Ratings, le financement de ce déficit massif nécessitera des milliards de dollars supplémentaires, ce qui ne sera possible qu'en continuant à puiser dans les réserves de devises étrangères qui s'amenuisent.
HSBC (LON:HSBA) a également souligné que le déficit de la balance courante de la Turquie était l'une de ses principales vulnérabilités et a prédit que la lire allait encore chuter, atteignant potentiellement 24 ou même 27 par rapport au dollar d'ici la fin de l'année. En outre, l'analyste de Barclays (LON:BARC) Ercan Erguzel estime que le déficit des comptes courants de la Turquie atteindra environ 40 milliards de dollars d'ici un an et qu'il aura besoin d'environ 30 milliards de dollars pour se financer.
Face à ces inquiétudes, il n'est pas certain que les politiques économiques d'Erdoğan puissent maintenir la stabilité de l'économie turque sans répercussions significatives sur la valeur de sa monnaie et la confiance des investisseurs.