Deux à trois cents salariés de La Redoute réunis en assemblée générale sur le site de Wattrelos (Nord) ont voté jeudi le principe d'une "grande manifestation" à Lille jeudi prochain pour protester contre un probable plan social.
La plupart des salariés, regroupés à l'extérieur d'un bâtiment du site industriel de la Martinoire, qui emploie 1.300 personnes, ont validé à main levée le principe de cette manifestation soumis par la CGT, la CFDT et Sud, a constaté une journaliste de l'AFP.
Le directeur financier de Kering (ex-PPR), l'actionnaire de La Redoute, a annoncé mardi aux syndicats lors d'une réunion de travail la perte potentielle d'au moins 700 emplois dans l'entreprise de vente à distance en France et à l'étranger lors d'une cession prochaine.
La Redoute emploie environ 2.400 personnes en France et 900 à l'étranger.
Dès mercredi, quelque 300 salariés rassemblés au siège de Roubaix, l'autre site majeur de La Redoute dans le Nord, avaient voté lors d'une première assemblée générale "le principe d'entamer des actions dès la semaine prochaine".
"Nous allons faire le maximum pour réussir l'action de jeudi prochain", a souligné au micro Jean-Christophe Leroy, délégué CGT, lors de la deuxième AG.
"On peut même inviter d'autres salariés d'autres entreprises" en difficulté, a-t-il poursuivi.
"Il faut aller au bout, nous allons répéter notre action en montant à chaque fois d'un cran", a ajouté le syndicaliste, ovationné par les salariés présents.
"On va toucher l'image du patron (François-Henri Pinault, ndlr), qui n'est pas un patron responsable, qui est uniquement responsable de la casse de l'emploi", a déclaré à l'AFP Fabrice Peeters, délégué CGT.
Selon les syndicats, Kering prévoit également de filialiser l'activité logistique de La Redoute, installée à La Martinoire, et d'externaliser le service chargé des relations avec les clients, qui emploie environ 180 personnes à Roubaix.
"On ne pense pas que (le site de) La Martinoire sera maintenu. Ils ont annoncé la fin du site et pourraient peut-être le reconstruire ailleurs", pas forcément dans la région, a expliqué à l'AFP Nora Miloudi, secrétaire du comité d'entreprise.
"Menteur, salaud, Pinocchio !", criaient des salariés à l'adresse du PDG en riant amèrement.
"La Redoute, c'est tout ce qui reste ici, c'est la dernière grosse boîte. Ici dans chaque famille quelqu'un y travaille", a souligné Fred, un salarié de 39 ans.
Jean-Luc, un salarié, a pris le micro après les syndicalistes. "En vous regardant tous, je me dis que dans quelques mois il y en a qui seront à Pôle emploi. D'autres ne seront plus à La Redoute mais dans une nouvelle entité", a-t-il lancé.
Pascal, 52 ans, salarié à La Redoute depuis 34 ans, a dit à l'AFP sa "colère" et son "dégoût". "On est prêt à aller à Paris", sur les Champs-Elysées où se trouvent des boutiques de luxe du groupe Kering, a-t-il assuré.
"On a donné notre coeur, nos tripes pour cette boîte. Avant l'arrivée de Pinault, c'était une famille. Si on m'avait dit un jour... On avait une boîte super riche, riche!", s'est désolée, émue, Michèle, 53 ans dont 35 passés chez La Redoute.
"Je pleure depuis qu'on a eu l'annonce", a-t-elle ajouté.