Nouveau coup dur pour l'emploi dans le Nord, le groupe Kering, en quête d'un repreneur pour sa filiale de vente à distance La Redoute, a dit mardi aux syndicats prévoir au minimum la suppression d'environ 700 postes en France et à l'étranger.
"Le directeur financier de Kering nous a dit qu'on serait à minima à l'équivalent des suppressions de postes du Plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) de 2008", soit 672 à l'époque, aussi bien parmi les 2.400 salariés de La Redoute en France que les 900 autres à l'étranger, a déclaré à l'AFP Jean-Claude Blanquart, délégué CFDT.
Ses collègues de Sud, de la CGT ont confirmé la teneur de cette annonce faite mardi lors d'un groupe de travail direction-syndicats à Marcq-en-Baroeul (Nord), mais qui n'a encore de valeur qu'indicative.
"On nous a parlé de réductions drastiques de postes administratifs et commerciaux au siège de Roubaix avec l'abandon probable de certains marchés. (...) La région est déjà particulièrement sinistrée au niveau du chômage. Derrière ça, il va y avoir de la casse en ricochets", a souligné Alain Dieudonné, délégué central de la CFE-CGC locale, responsable pour la vente à distance, et lui-même salarié de La Redoute.
Au deuxième trimestre 2013, 13,9% de la population active de la région Nord-Pas de Calais était au chômage selon l'Insee, contre 10,5% en France métropolitaine.
En outre, s'est interrogé le syndicaliste, "qui nous dit qu'ils (la direction ndlr) ne mettront pas en place un plan de départs volontaires ?". En 2008 selon lui, 150 personnes avaient quitté l'entreprise par ce biais en plus des 672 suppressions de postes annoncées.
Contacté par l'AFP, un porte-parole de Kering (ex-PPR) s'est refusé à confirmer ces chiffres, tout laissant entendre que la cession de La Redoute, mise en vente par son actionnaire, aurait "un impact significatif sur l'emploi".
Il a souligné que rien ne serait rendu public avant qu'un des repreneurs potentiels avec lesquels Kering a entamé des discussions cet été ne présente son projet devant un prochain comité d'entreprise, dont la date n'est pas fixée.
"Ils doivent nous annoncer le futur repreneur mi-novembre", a indiqué à l'AFP Thierry Bertin, délégué syndical Sud.
Trois repreneurs
Selon la revue Challenges, Kering est en discussion avec la foncière Altarea Cogedim et avec le fonds d'investissement OpCapita pour leur céder La Redoute.
Le porte-parole du groupe a mentionné trois repreneurs sans en donner les noms, les syndicats évoquant aussi trois repreneurs "dont deux particulièrement actifs".
"Les différents projets des différents repreneurs s'accordent sur la nécessité d'une modernisation profonde de La Redoute", a encore déclaré le porte-parole.
"Kering va assumer ses responsabilités d'actionnaire en participant au financement des investissements de modernisation des plateformes logistiques et informatiques et, vis-à-vis des salariés, en donnant au repreneur le moyen de financer (...) les mesures sociales adaptées à la situation de chacun", a-t-il poursuivi.
Selon les syndicats, Kering prévoit également de filialiser l'activité logistique de La Redoute, qui emploie quelque 1.400 personnes à Wattrelos (Nord). Le service chargé des relations avec les clients, qui emploie environ 180 personnes à Roubaix, pourrait, lui, être externalisé.
"On nous a annoncé que les métiers basiques (du site industriel de) la Martinoire à Wattrelos, les postes de ramasseurs ou d'emballeurs, n'existeraient plus demain" et deviendraient des postes "multifonctions", a souligné Alain Dieudonné.
"L'outil logistique, qui fut à la pointe en Europe, est devenu obsolète. L'outil informatique est modernisé en permanence mais on paie le fait d'avoir basculé sur le web avec des outils informatiques adaptés du papier vers le web", a expliqué le syndicaliste.
Mardi midi, 450 salariés selon la préfecture, au moins 500 selon les syndicats, ont manifesté entre les communes de Wasquehal et Marcq-en-Baroeul pour demander à Kering des garanties sur leurs emplois "dans la durée". La semaine dernière déjà, quelque 500 salariés avaient défilé.
La Redoute comptait encore "6.100 personnes dans le monde dans les années 2005", a souligné M. Dieudonné. "A l'époque, La Martinoire était une ruche. Aujourd'hui, vous y allez le vendredi, vous vous demandez s'il y a quelqu'un dans les entrepôts".