La Russie a conclu mardi lors d'un sommet un accord avec l'UE qui dégage un obstacle important sur la voie de son adhésion à l'Organisation mondiale du commerce, objectif poursuivi laborieusement depuis 17 ans par Moscou et désormais à portée de main pour l'an prochain.
"Après l'accord similaire que nous avons signé avec les Etats-Unis, l'entrée de la Russie dans l'Organisation mondiale du commerce devient une réalité, je suis très satisfait", a déclaré à l'issue de la réunion le président russe Dmitri Medvedev.
"Il s'agit d'un pas en avant très important, que le monde observe de près", lui a fait écho le président de l'Union européenne, Herman Van Rompuy.
Le président de la Commission José Manuel Barroso a jugé pour sa part que l'éventualité de voir la Russie entrer dans l'OMC en 2011 était devenue "une perspective très réaliste". L'adhésion l'an prochain est l'objectif affiché de Moscou qui avait conclu en octobre le compromis commercial de même type avec Washington.
L'accord avec l'Europe règle les principaux différends commerciaux bilatéraux qui existaient encore et bloquaient, du point de vue de l'UE, l'entrée de la Russie dans l'OMC. Il prévoit notamment une baisse des régimes respectifs de taxes douanières, pour le commerce de bois ou l'utilisation des réseaux ferroviaires.
Un accord de principe avait été trouvé à ce sujet le 24 novembre, mais il devait encore être formalisé.
La Russie est la dernière grande puissance économique à ne pas être intégrée à l'OMC.
Tout n'est pas réglé pour autant pour Moscou. D'autres sujets, qui dépassent le cadre strict des relations UE-Russie, doivent encore être réglés par la Russie pour pouvoir entrer dans l'OMC.
Un diplomate européen mentionne notamment le recours "injustifié" de Moscou à des mesures sanitaires pour limiter les importations de viande, ou le manque de protection du droit à la propriété intellectuelle.
Mais pour l'Europe, l'entrée du grand voisin russe dans l'OMC a une dimension tout aussi politique qu'économique car elle doit permettre d'arrimer le pays aux règles internationales de l'Etat de droit.
Le sommet de Bruxelles a été en revanche moins fructueux dans un autre domaine jugé prioritaire par Moscou: la suppression de l'obligation de visas pour voyager en Europe.
"Nous devons progresser" sur cette question "qui est très importante pour les citoyens russes", a demandé Dmitri Medvedev, manifestement frustré par la lenteur des avancées.
Problème: les Européens estiment que la Russie n'est pas encore à niveau en matière de contrôle aux frontières ou de passeports sécurisés. Et M. Barroso a laissé entendre qu'une exemption de visa n'était pas pour demain.
Le président de la Commission a en retour mis en garde contre toute nouvelle crise du gaz cet hiver entre Moscou et Kiev qui se traduirait par une interruption des livraisons à l'Europe, comme ce fut le cas souvent ces dernières années.
"J'attends que cela ne se reproduise pas", a-t-il dit. Prudent, M. Medvedev lui a répondu qu'il n'y aurait pas de difficulté si l'Ukraine - qui s'est rapprochée de Moscou depuis l'élection du président Viktor Ianoukovitch - payait pour le gaz qu'elle reçoit de la Russie.
"La meilleure garantie c'est l'argent pour les fournitures de gaz", a-t-il dit.
Le président russe a aussi reconnu que son pays était "préoccupé" par la crise financière sans précédent en zone euro, même s'il reste optimiste sur l'avenir de la monnaie commune européenne.
Moscou a massivement investi dans l'euro: ses réserves de change sont constituées à peu près à parts égales entre l'euro (43,8% début 2010) et le dollar.