La vente ou l'échange d'or avec l'Iran peut depuis lundi être sanctionné par les Etats-Unis, en application d'une loi votée par le Congrès américain en décembre et qui vise à empêcher l'Iran d'exporter du pétrole en échange du métal précieux.
La Turquie est notamment soupçonnée par des élus américains d'importer du gaz naturel iranien en échange d'or, de façon à contourner les sanctions visant les transactions financières avec l'Iran.
Le président Barack Obama a signé un décret en juillet 2012 pour interdire ce type d'échanges, mais aucune sanction n'avait encore été appliquée, et le Congrès a choisi de les imposer en inscrivant dans la loi américaine l'interdiction des transactions en métaux précieux.
"Le Congrès va vraiment surveiller de près l'administration pour que ces sanctions soient appliquées", explique à l'AFP Mark Dubowitz, un expert des sanctions qui témoigne régulièrement au Congrès et est partisan de leur renforcement.
En pratique, la livraison d'or par une entité au gouvernement iranien ou toute personne privée en Iran peut désormais déclencher des sanctions américaines contre cette entité.
Le secrétaire adjoint au Trésor David Cohen avait estimé devant le Congrès en mai que la Turquie ne se procurait pas de gaz naturel en échange d'or, en réservant toutefois sa réponse détaillée à une audition à huis clos.
Lundi sont aussi entrées en vigueur des sanctions américaines contre des secteurs entiers de l'économie iranienne: énergie, transport maritime, construction navale, gestion portuaire et automobile.
L'automobile a été ajoutée à la liste par un décret de Barack Obama le 3 juin.
De nombreuses entreprises iraniennes liées au régime et aux Gardiens de la révolution faisaient déjà l'objet de sanctions de la part des Etats-Unis, de l'Europe ou des Nations unies, mais les nouvelles mesures américaines élargissent le "filet" américain à la totalité de ces secteurs, sans que Washington ait à désigner des sociétés ou individus particuliers.
"En désignant des secteurs entiers de l'économie et en ciblant l'or, ils envoient vraiment un message à la communauté internationale des affaires, en disant: il y a très peu de secteurs de l'économie où vous pouvez commercer légalement, et vous prenez des risques importants si vous essayez", dit Mark Dubowitz.
Le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, a réagi à ces nouvelles sanctions, en affirmant que "l'application de ces sanctions contre l'Iran était un faux pas intervenant à un mauvais moment", ont rapporté les médias.
"Ces sanctions ne sont pas nouvelles et ont été décidées il y a six mois", a déclaré M. Araghchi, qui a ajouté que "la politique de sanction est un échec et il est étonnant que les Américains tout en voyant cela continuent à insister à appliquer leur politique qui a déjà échoué".
"Elles ne font que compliquer le règlement de la question nucléaire alors que la levée des sanctions peut être un geste visant à ramener la confiance et aider à régler cette question", a-t-il ajouté.