La fermeture de Wall Street, en raison du cyclone Sandy, rend depuis deux jours les marchés de la zone euro apathiques, en faisant chuter les volumes d'échanges, signe de la dépendance historique du Vieux Continent envers les investisseurs anglo-saxons.
La Bourse de Paris a péniblement attiré un milliard d'euros de transactions lundi, du fait de la fermeture de la Bourse de New York. Ce chiffre n'est pas très éloigné du plus bas atteint le 27 décembre 2011 (724,86 millions).
De son côté, le volume sur le Dax de Francfort a atteint moins de 2 milliards d'euros lundi, près de deux fois moins que la moyenne quotidienne de la semaine dernière.
"Quand New York est fermé, c'est 40% du volume en moins environ à Paris. Le vrai moteur, c'est encore et toujours Wall Street", résume Yves Marçais, vendeur d'actions chez Global Equities.
"Depuis deux jours, on ne fait pas grand chose", confie un gérant parisien, qui confirme que l'heure est à l'attentisme.
Il faut dire que la place boursière new-yorkaise est la première au monde, avec des mastodontes de la finance qui brassent des centaines de milliards d'euros.
L'évolution des volumes à la Bourse de Paris est quotidiennement influencée par les Américains et plus généralement les investisseurs étrangers qui détiennent 60% du marché français, rappelle Barclays Bourse.
Les transactions à Paris sont assez nombreuses à l'ouverture, dans la foulée de la clôture de Wall Street intervenue en fin de soirée en Europe. Les volumes évoluent ensuite assez peu jusqu'à 14H30, qui marque l'ouverture des salles de marché à New York, avant celle de Wall Street à 15H30.
"La majorité des volumes parisiens se fait durant les trois dernières heures de cotation", la clôture intervenant à 17H30, souligne Frédéric Rozier, gérant chez Messchaert Gestion Privée.
Au-delà de leur force de frappe, les grands investisseurs américains exercent une très forte influence sur le reste du monde, notamment à travers de leurs notes d'analyse ou la publication de leur scénarios économiques, toujours très suivis.
Sans compter que les indicateurs américains, en particulier sur le chômage et la consommation, sont les plus regardés chaque mois par les investisseurs.
"Plus les volumes que la tendance"
Face à cette puissance, les Bourses européens continentales pèsent de moins en moins lourd, subissant en outre une érosion tendancielle des volumes. La crise de la dette et la réglementation financière ont en effet fait fuir à la fois les investisseurs institutionnels et les particuliers.
Pourtant, relativise M. Rozier, "la dépendance envers New York est peut-être moins forte qu'avant, en raison de la montée en puissance de Londres, où des salles de marché françaises se sont délocalisées".
Du coup, selon lui, la Bourse de Paris regarde presqu'autant ce qui se passe à Londres qu'à New York, en tout cas pour ce qui concernent les volumes.
Il reste que chez Barclays Bourse, on observe que la fermeture des marchés anglo-saxons "pénalise plus les volumes que la tendance".
Autrement dit, si par le passé la tendance en Europe était calquée sur celle des Etats-Unis, c'est devenu moins vrai avec la crise de la dette en zone euro.
Pour preuve, si les indices américains sont désormais au-dessus de leur niveau d'avant la chute de Lehman Brothers en septembre 2008, un indice comme le CAC 40 parisien n'a pas encore retrouvé celui de juin 2011.
"Depuis la crise européenne, on assiste à une décorrélation entre les marchés", souligne M. Rozier, qui rappelle que les poussées de fièvre en zone euro depuis 2010 ont occasionné beaucoup de rapatriements de fonds vers les Etats-Unis.
Il n'est pourtant pas toutefois exclu que Wall Street dicte à nouveau la tendance européenne.
"Si la croissance repart vraiment aux Etats-Unis et que le risque en zone euro s'éloigne, les marchés américains et européens devraient à nouveau évoluer de manière similaire. Les grandes entreprises des deux continents sont mondialisées", rappelle-t-on chez Barclays Bourse.