Présentée par le gouvernement comme l'année d'un "nouveau départ pour l'économie française", 2013 commence en fait sous les pires auspices: l'activité replonge, ravivant les craintes d'un retour de la récession alors même que la zone euro donne, elle, des signes d'embellie.
"Nous sommes engagés dans un combat pour que 2013 soit un nouveau départ pour l'économie française", a affirmé mercredi Pierre Moscovici.
Le ministre de l'Economie et des Finances en a profité pour confirmer sa prévision de croissance de 0,8% pour cette année, même s'il laisse de plus en plus clairement entendre qu'elle pourrait être révisée à la baisse lorsque la France présentera sa stratégie budgétaire à Bruxelles, au début du printemps.
D'autres n'ont pas attendu. Les économistes tablent en moyenne sur une croissance de 0,1% à peine en 2013, tandis que le Fonds monétaire international (FMI) vient d'abaisser sa propre prévision pour la France, de 0,4% à 0,3%.
Surtout, alors que le gouvernement espérait que le plus dur était derrière lui, le spectre de la récession plane à nouveau sur ce début d'année.
L'indice PMI, un indicateur avancé de la conjoncture jugé fiable par les analystes, signale en janvier la plus forte contraction de l'activité du secteur privé français depuis mars 2009.
Selon une première estimation publiée jeudi par le cabinet Markit, il se replie à 42,7 points, contre 44,6 points en décembre, reflétant un recul à la fois dans l'industrie manufacturière et dans les services.
Cette étude est au diapason avec celle de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), qui a mesuré mercredi un moral des industriels en baisse en janvier, là où les experts escomptaient une légère amélioration.
De manière "inquiétante pour la suite", relève l'économiste de BNP Paribas Hélène Baudchon, "le jugement sur les perspectives personnelles de production recule fortement ainsi que celui sur les carnets de commandes".
Ces résultats "mettent en évidence un début d'année 2013 très décevant pour l'économie française et ravivent les craintes de voir celle-ci tomber en récession", estime l'économiste de Markit, Jack Kennedy. Il souligne que "le recul de l'emploi s'accélère", alors que le président François Hollande a promis d'inverser la courbe du chômage d'ici décembre.
Le plus inquiétant est que ce plongeon inattendu intervient après trois mois de légère amélioration et, surtout, au moment où les indices PMI pour la zone euro et pour son moteur, l'Allemagne, ont eux surpris par leur rebond. "Le découplage entre la zone euro et la France est saisissant", commente l'économiste de la banque Unicredit, Marco Valli.
Paris fait pourtant de la stabilisation de la zone euro, après des années de crise financière, la condition sine qua non de son propre rebond.
Si ces chiffres "semblent indiquer une forte reprise de l'économie allemande au premier trimestre" de 2013, "ils ne dépeignent pas un tableau tout rose de la situation économique actuelle de la France", renchérit Constantin Wirschke de Natixis.
La plupart des économistes s'attendent désormais à ce que le produit intérieur brut (PIB) de la France recule en ce début d'année. Or, l'Insee tablait de son côté sur une baisse de 0,2% pour la fin 2012. Si ces pronostics se réalisent, avec deux trimestres consécutifs de contraction, la France retomberait en récession après en être sortie au printemps 2009.
Autant de signaux qui risquent de compliquer la tâche du gouvernement qui s'est engagé à ramener le déficit public de 4,5% du PIB attendus en 2012 à 3% cette année. Sans croissance, les recettes seront moindres et il devra choisir: soit il donne un nouveau tour de vis budgétaire, au risque d'aggraver encore la situation économique, soit il négocie un nouveau délai avec Bruxelles.