Le déficit des transactions courantes de la France s'est creusé en 2012 pour atteindre 44,4 milliards d'euros, contre 35,2 milliards un an plus tôt, selon le rapport annuel de la Banque de France publié jeudi.
Ce déficit représente 2,2% du Produit intérieur brut (PIB), contre 1,8% l'année précédente.
"Le déficit des transactions courantes est persistant depuis 2005, il représente en cumul un peu plus de 200 milliards. Sur les huit années précédentes, entre 1996 et 2004, le cumul des excédents atteignait aussi 200 milliards. Cela montre qu'il s'est passé quelque chose au niveau de la compétitivité de la France", a commenté le gouverneur de l'institution Christian Noyer, lors d'une conférence de presse.
La dégradation observée en 2012 est essentiellement due à la baisse du solde des revenus, passé de 45,1 milliards en 2011 à 29,7 milliards en 2012.
"Ce mouvement reflète une diminution des revenus des implantations étrangères de grands groupes français et surtout un rendement moins élevé des opérations financières des groupes bancaires français à l'étranger, suite à des opérations de désengagement", souligne le rapport.
Les exportations en valeur ont légèrement augmenté mais moins qu'en 2011 (+2,1% en 2012 contre +9,9%), tirées par quelques secteurs comme l'aéronautique (+18,2%), la pharmacie (+21%) ou le négoce international (+15%).
En revanche, l'automobile (-5%), les services financiers et d'assurance (-8,9%) et la construction (-15,5%) ont pesé.
Les importations en valeur ralentissent également, de façon plus marquée (+0,8% après +11,6% en 2011).
"En 2012, le solde des échanges de biens et de services s'améliore légèrement par rapport à 2011, mais l'amélioration est moins affirmée que dans la plupart des grands pays partenaires" comme l'Allemagne, l'Espagne et l'Italie, a constaté M. Noyer.
La France a perdu des parts de marché depuis plusieurs années, avec toutefois une stabilisation à partir de 2010, explique le rapport.
Dans le même temps, les importations sont restées aussi dynamiques en Allemagne qu'en France depuis 2009 alors qu'elles croissent moins vite dans les autres pays européens.
En Italie et en Espagne, les importations ont même diminué.
Le déficit des échanges de biens et de services de la France avec la zone euro est le double environ du déficit total, dépassant 70 milliards d'euros en 2012.
En revanche, les échanges hors zone euro dégagent un excédent de 33 milliards, après 20 milliards en 2011.
"Les quelques éléments encourageants en 2012 ne doivent pas conduire à se méprendre sur l'impérieuse nécessité d'un renforcement de la compétitivité des entreprises", a estimé M. Noyer.
La balance des transactions courantes est un bon indicateur de la situation d'une économie par rapport au reste du monde. Elle prend en effet en compte les échanges des biens, mais aussi ceux des services, ainsi que les revenus des investissements directs ou de portefeuille et les revenus du travail.
Depuis février 2012, la Commission européenne publie un tableau de bord macro économique comprenant onze indicateurs, dont trois sont directement issus de la balance des paiements: le solde des transactions courantes, la position extérieure (patrimoine ou endettement d'un pays vis-à-vis de l'extérieur) et les parts de marché à l'exportation.
Si à 2,2% du PIB, le déficit courant est loin du seuil critique du tableau de bord européen (en moyenne 4% du PIB sur trois ans), en termes de parts de marché la France a dépassé le seuil d'alerte indicatif (-6%), avec un recul de 11,2% sur les 5 dernières années, a souligné le gouverneur.
En 2012, la dépendance financière de la France vis-à-vis de l'extérieur s'est accentuée, avec une position extérieure nette débitrice de 430 milliards d'euros en valeur de marché, soit 21,1% du PIB contre 18,8% en 2011.
"Nous nous situons en-deçà du seuil critique (-35% du PIB en moyenne sur 3 ans) mais nous nous en approchons dangereusement", a jugé M. Noyer.