Le gouvernement a annoncé mardi un plan visant à faire progresser de dix points le taux de femmes entrepreneurs d'ici à 2017, allant d'actions de sensibilisation dès le plus jeune âge à des mesures d'aide à l'accès au financement.
Trois ministres, Najat Vallaud-Belkacem (Droits des femmes), Geneviève Fioraso (Enseignement supérieur et recherche) et Fleur Pellerin (PME, innovation et économie numérique) ont détaillé ce plan devant un parterre de femmes chefs d'entreprises réunies à l'entreprise Talentia Software à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine).
Actuellement, le parcours de la créatrice d'entreprise s'apparente encore trop souvent à un "parcours de la combattante", ont constaté les participantes. Résultat, les femmes ne représentent que "30% des créations d'entreprises" - taux que le gouvernement veut porter à 40% à la fin du quinquennat - et "seule 1 sur 10 des entreprises innovantes nouvellement créées est dirigée par une femme".
La France a pris du retard par rapport à d'autres pays: en 2011, "3% des Françaises de 18-64 ans ont créé une entreprise ou repris une entreprise récemment créée, comparé à 10% aux Etats-Unis", a souligné Najat Vallaud-Belkacem.
Afin de pouvoir mesurer les progrès, chacun des acteurs concernés par le soutien à entrepreneuriat devra publier "des statistiques sexuées".
Parmi les obstacles rencontrés par les femmes, figurent "une faible incitation tout au long de leur scolarité à l'esprit d'entreprise". Pour que entrepreneuriat soit désormais présenté comme "une voie ouverte aux femmes autant qu'aux hommes", des actions de sensibilisation seront développées dans les collèges à partir de la classe de 6ème, dans les lycées et dans l'enseignement supérieur, progressivement, à partir de la rentrée.
Pour simplifier l'accès à l'information des femmes souhaitant créer ou reprendre une entreprise, un "site de référence" sera créé en octobre.
Leur accompagnement sera "renforcé", avec des "plans d'action régionaux" associant divers partenaires parmi lesquels la Caisse des Dépôts et la Banque publique d'investissement (Bpifrance). Il s'agira par exemple de les aider à trouver des solutions à la garde d'enfants, un local pour installer leur entreprise etc.
Pour faciliter l'accès des créatrices d'entreprises au financement, des "solutions de financement spécifiques" seront mises en place avec Bpifrance Investissement, tandis que "la visibilité et les moyens du Fonds de garantie à l'initiative des femmes (FGIF) seront renforcés et déclinés dans les quartiers de la politique de la ville".
Ce fonds, qui "pour un euro garanti entraîne environ sept euros de prêts bancaires", voit ses moyens augmenter de 25%, permettant de mobiliser "30 à 40 millions d'euros de prêts bancaires", selon la ministre des Droits des femmes.
Un fonds expérimental partenarial, associant la Caisse des Dépôts, les conseils régionaux, les organismes consulaires et banques privées, sera créé dans trois régions (Poitou Charente, Rhône Alpes et Limousin) afin de compléter les financements, avec des participations pouvant aller jusqu'à 35.000 euros par projet.
Les dispositifs de Bpifrance destinés à soutenir l'investissement dans les quartiers "accorderont une attention particulière aux projets portés par des femmes".
Enfin, une charte sera signée en septembre avec la Fédération bancaire française pour sensibiliser les conseillers bancaires à entrepreneuriat féminin.