Un an après le début de la crise, qui a lourdement frappé l'industrie, Christian Estrosi a lancé officiellement jeudi des états généraux de l'industrie pour doter la France d'une nouvelle politique industrielle.
Le but de ces états généraux, annoncé en septembre par Nicolas Sarkozy, est de "réussir la plus large consultation possible, (...) d'analyser toutes les propositions pour dessiner une nouvelle politique industrielle", a déclaré le ministre de l'Industrie, à Bercy, devant des représentants du secteur industriel.
"Trop longtemps, l'Etat s'est abstenu de fixer un cap", a-t-il regretté.
Outre la crise, qui plombe la production industrielle, "le retard sur l'Allemagne", la "perte de compétitivité" et le soutien insuffisant des grands groupes aux sous-traitants handicapent notamment l'industrie française, a considéré le ministre.
"Il y a la volonté affirmée de déboucher sur une stratégie industrielle nationale et c'est quelque chose que nous souhaitions depuis fort longtemps", a réagi Yvon Jacob, le président du groupe des fédérations industrielles (GFI).
"On en est seulement aux idées, attendons que cela se traduise dans les faits", a estimé Bernard Chambon, président de l'Union des industries chimiques (UIC).
Côté syndicats, la CGT et l'Union syndicale Solidaires ont appelé à une journée interprofessionnelle pour le développement et l'emploi industriels le 22 octobre, tandis que FO s'est dit sceptique "sur l'utilité et la finalité" de ces états généraux.
Face aux "défis" du renforcement de l'innovation et de la R&D et du développement durable, le ministre a d'ores et déjà proposé la création d'une "prime à la relocalisation", qui serait "variable en fonction des montants d'investissement et du volume d'emplois recréés".
Un mécanisme insuffisant pour le secteur textile, d'après Claude Miserey, de l'Union française des industries de l'habillement (UFIH), qui estime qu'il faudrait alléger "considérablement" les charges sociales pour que la France redevienne compétitive.
Parmi les autres pistes avancées, figurent le développement, pour les entreprises de moins de 100 salariés, d'"un modèle d'entreprise coopérative dans lequel les salariés auraient la majorité du capital", la création d'un "crédit impôt innovation", en complément de l'actuel crédit impôt recherche, et de "prêts verts bonifiés" pour les processus industriels les plus respectueux de l'environnement.
Le grand emprunt pourra également servir à se concentrer sur "des projets structurants" dans des secteurs comme la fibre optique ou la micro-nanoélectronique.
"Parions sur la qualité et les savoir-faire, sur le décloisonnement et sur la mise en oeuvre d'une véritable logique d'écosystèmes industriels, sur l'ancrage territorial des outils de production et de R&D et sur la modernisation du modèle social des PME", a énuméré Christian Estrosi.
Concrètement, les états généraux se dérouleront de novembre à février, avec la mise en place d'un comité baptisé CNEGI (Comité national des états généraux de l'industrie) et de dix groupes de travail.
Parallèlement, des ateliers en régions seront organisés dès mi-novembre et un site internet (www.etatsgeneraux.industrie.gouv.fr) lance une consultation libre.
Un point d'étape est prévu mi-décembre et ces états généraux seront bouclés début février par une "grande convention nationale", à l'issue de laquelle Nicolas Sarkozy présentera "la nouvelle politique industrielle de la France".