Le gouvernement veut encourager les agriculteurs à se convertir et développer la consommation de produits issus de l'agriculture biologique notamment dans la restauration collective où ils restent ultra-minoritaires.
Le ministre de l'Agriculture Stéphane Le Foll a dévoilé vendredi un plan "Ambition bio 2017". Objectif: multiplier par deux les surfaces en bio en cinq ans, qui ne représentent aujourd'hui que 4% des espaces cultivés en France.
De 2007 à 2012, les surfaces en bio avaient déjà doublées, passant d'environ 550.000 hectares à plus d'un million, selon l'Agence Bio. Mais les demandes en conversion subissent un coup d'arrêt ces derniers mois - même si 1.100 agriculteurs se sont installés en bio depuis le début de l'année - face au tassement des prix entre bio et conventionnel.
"Il faut relancer les conversions et organiser les filières pour dynamiser la consommation", abonde le président de l'Agence Bio, Etienne Gangneron dont la mission est de développer et promouvoir l'agriculture biologique.
La période de conversion est particulièrement difficile pour l'agriculteur qui est soumis pendant trois ans aux contraintes de la production bio sans pouvoir vendre ses produits comme tels.
Pour les encourager, le gouvernement prévoit de relever progressivement les aides à la conversion et au maintien en bio, passant de 90 millions actuellement à 160 millions d'euros par an entre 2014 et 2020.
Dans un premier temps, la priorité sera donnée au développement des grandes cultures, les régions productrices ayant très peu de surfaces en bio, surtout chez les très rentables betteraviers.
20% de bio dans les cantines de l'Etat
Compte tenus des cours élevés des céréales, "l'intérêt qu'il y a à changer de modèle n'est pas le plus soutenu", souligne Stéphane Le Foll, reconnaissant qu'il y a encore "des écarts de rendements" entre conventionnel et bio.
Le ministre, qui a fait de l'agroécologie son grand projet, prône le "produire autant avec moins" (moins d'eau, d'intrants...) et l'échange de savoir pour combiner performance économique et écologique, assure toutefois qu'il est "déterminé à ne pas opposer les agricultures les unes aux autres".
En aval, le plan veut mieux structurer la filière car il ne s'agit pas seulement de produire plus mais de se donner les moyens de développer les outils de stockage, transformation et commercialisation des produits bio.
Ainsi pour soutenir des investissements structurants, le ministère va porter à 3 à 4 millions par an sa participation au Fonds Avenir bio et la Banque publique d'investissement (BPI) s'est engagée, selon Stéphane Le Foll, à accorder des prêts. Aucun montant n'est toutefois précisé.
Mais tout cela ne fonctionnera pas sans l'appétit des consommateurs pour le bio, qui reste une niche avec seulement 2,4% du marché alimentaire des ménages (4 milliards d'euros) même s'il est en progression constante (+6,6% en 2012), selon l'Agence Bio.
Le ministère de l'Agriculture, en partenariat avec l'Education nationale, va donc développer des activités périscolaires comme des visites de ferme bio ou des classes du goût.
Dans les restaurants collectifs de l'Etat (hors collectivités), il se fixe comme objectif ambitieux d'atteindre les 20% de produits bio utilisés dans la préparation des repas.
En 2012, si 57% des établissements de restauration collective (publics comme privés) assuraient utiliser des produits bio, ils ne représentaient que 4% des volumes d'achats.
La restauration collective est un levier important pour développer les volumes. "Elle nous permet un ancrage territorial très fort", souligne Jean Verdier, président du syndicat de l'agroalimentaire bio (Synabio).