Métro en grève, entreprises à l'arrêt, assemblées et meetings: la CGTP, le principal syndicat portugais, a organisé jeudi une journée de protestation contre l'austérité, exigée par les créanciers du pays, sous assistance financière depuis mai 2011.
"Le bilan est très positif", a déclaré le secrétaire général de la CGTP, Armenio Carlos qui a parlé "d'une adhésion totale" à la grève du métro et s'est félicité de nombreux arrêts de travail des employés de la poste qui protestaient aussi contre des projets de privatisation.
Cette journée de mobilisation était considérée par la CGTP comme un test en vue d'"une lutte plus générale".
La CGTP, proche du Parti communiste et l'UGT, liée au Parti socialiste, envisagent d'appeler à une grève générale au mois de juin, après celles organisées l'année dernière en mars et novembre.
La grève du métro, qui devait durer jusqu'à vendredi matin, a provoqué tout au long de la journée de sérieux embouteillages dans la capitale et à sa périphérie.
Outre le métro et la poste, des débrayages ont également eu lieu dans diverses entreprises, ponctués de meetings sur les lieux de travail.
La CGTP avait choisi le 30 mai -la Fête-Dieu - pour sa journée de protestation car pour la première fois cette année ce jour n'était pas chômé, faisant partie des quatre jours fériés que le gouvernement a décidé de supprimer dans le cadre de ses efforts pour redresser ses finances.
Le Portugal bénéficie depuis deux ans d'un plan de sauvetage de 78 milliards d'euros en échange d'un draconien programme de rigueur et de réformes qui a fortement contribué à faire reculer l'économie et à augmenter le chômage.
Selon les prévisions officielles, l'économie doit reculer cette année de 2,3% et le chômage atteindre le taux record de 18,2%.
Propositions en faveur de la croissance
Comme dans d'autres pays d'Europe, l'austérité a provoqué une hausse sensible du mécontentement populaire. Au Portugal la grogne sociale s'est manifestée par des grèves à répétition et des manifestations qui jusqu'à présent se sont déroulées de manière pacifique.
Le gouvernement tente désormais d'apaiser le mécontentement en avançant des propositions en faveur de la croissance et de l'emploi alors qu'il prévoit à partir de l'année prochaine une légère reprise de 0,6%.
Mais, avec une dette qui dépasse 120% du PIB, le pays reste confronté à de sérieuses difficultés pour respecter ses objectifs budgétaires même si la troïka (UE-FMI-BCE) représentant les bailleurs du fonds a accepté de les alléger en mars et septembre derniers.
Bruxelles a confirmé mardi les objectifs concertés avec la "troïka" et selon lesquels le Portugal doit ramener le déficit public à 5,5% du PIB, puis à 4% l'année prochaine et 2,5% en 2015, sous de la limite des 3% fixée par la Commission.
Ils semblent pourtant difficiles à atteindre et, dans ses dernières estimations, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) s'est montrée plus pessimiste que le gouvernement, prévoyant un déficit à 6,4% du PIB en 2013 et à 5,6% l'année suivante.
Même si le gouvernement continue d'affirmer que les objectifs sont à sa portée, le Premier ministre Pedro Passos Coelho n'en a pas moins récemment admis qu'il pourrait solliciter de la troïka un nouvel allégement.
Alors que la CGTP protestait contre l'austérité le gouvernement a annoncé avoir approuvé en Conseil des ministres un budget rectificatif pour 2013 afin de compenser des mesures de rigueur rejetée en avril dernier par la Cour constitutionnelle.
Ce budget rectificatif, qui doit être voté la semaine prochaine au Parlement, où la coalition de centre-droit au pouvoir dispose d'une confortable majorité, prévoit notamment de réduire les budgets de fonctionnement de tous les ministères à hauteur de 0,5% du PIB.