Confrontés à la défiance du public et à la montée en puissance des ventes directes entre particuliers, les principales organisations professionnelles de l'immobilier, la Fnaim et l'Unis, prônent une réforme de leurs métiers régis par une loi de 1970.
"Maintenant, il n'y a plus le choix. Plus que jamais il faut se serrer les coudes et renforcer nos professions pendant une période de crise", a plaidé mardi René Pallincourt, président de la Fédération nationale de l'immobilier (Fnaim), en clôture des Etats généraux des professions immobilières.
Près des trois quarts (70%) des Français jugent en effet que "l'information diffusée par les acteurs de l'immobilier est opaque", selon un sondage Ifop réalisé pour Coocoonhome.com, qui se présente comme le premier réseau social immobilier, dont les résultats détaillés seront publiés le 22 septembre.
Opposés à la création d'un Ordre à pouvoir coercitif, longtemps envisagé par les pouvoirs publics, la Fnaim et l'Unis souhaitent plutôt l'instauration d'un Conseil national des professions immobilières et l'entrée en vigueur d'un code de déontologie qui serait applicable à l'ensemble de la profession.
Pour faire appliquer la discipline, les dirigeants des agents immobiliers et administrateurs de biens plaident pour la mise en place d'une commission nationale présidée par un magistrat indépendant, qui aurait le pouvoir de retirer aux fautifs la carte professionnelle nécessaire pour exercer ces métiers, ainsi qu'"un renforcement des compétences professionnelles".
Le président du réseau d'agences Century 21, Laurent Vimont, a souligné que les négociateurs employés dans les agences immobilières n'avaient besoin d'aucune qualification alors que même les coiffeurs devaient justifier d'un certificat d'aptitude professionnelle (Cap) pour exercer leurs talents.
Ces réformes, que les deux fédérations souhaitent voir figurer dans une loi qui serait adoptée avant l'élection présidentielle de 2012, sont jugées insuffisantes par l'Association des responsables de copriété (Arc).
Dans une lettre adressée à la ministre de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, et au garde des Sceaux, Michel Mercier, l'Arc réclame notamment l'obligation pour les administrateurs de biens de gérer séparément les comptes des copropriétés dans leur portefeuille.
L'association voit dans une telle mesure le "seul moyen d'assurer la sécurité financière des copropriétés et de rétablir la transparence et la confiance dans ce secteur".
L'Arc ne veut pas que se renouvelle la situation dans laquelle s'était retrouvé l'administrateur de biens Urbania, numéro trois du secteur, qui avait accumulé un total de 510 millions de dettes et coûté fort cher à plusieurs banques dont la Société Générale, avant d'être racheté en 2010 par la société d’investissement française IPE (Investors in Private Equity).
Le secrétaire d'Etat au Logement Benoist Apparu a déclaré à l'AFP qu'il étudierait les propositions de la Fnaim et de l'Unis mais, vu l'encombrement du calendrier parlementaire, qu'il privilégiait plutôt l'introduction de nouvelles mesures "dans un véhicule législatif" plutôt qu'une loi spécifique.
Environ 60% des transactions réalisées en France dans l'immobilier ancien passent par l'intermédiaire des agents et administrateurs de biens, contre 40% qui s'effectuent directement entre particuliers.
Le secteur comprend 48.000 entreprises employant 170.000 personnes. Il réalise un chiffre d'affaires annuel de 18 milliards d'euros avec l'administration de 7 millions de lots en copropriété, la gérance de 2 millions de biens et un peu plus de 400.000 transactions de logements anciens.