Les allocations de près 1,9 million de chômeurs indemnisés par l'assurance chômage seront revalorisées de 1% au 1er juillet, moins que le Smic, sur fond de déficit d'assurance chômage creusé par l'augmentation du nombre de chômeurs avec la crise.
Patronat et syndicats en ont décidé lors d'un conseil d'administration de l'Unedic vendredi, les syndicats ne parvenant pas à arracher les 2,5% à 3% que la plupart demandaient.
La CGT s'est singularisée en demandant une revalorisation "forte" via une augmentation de la base de calcul des allocations chômage.
Le patronat, qui proposait initialement une hausse limitée à 0,5%, a mis au vote une augmentation de 1% que les syndicats ont laissé passer en s'abstenant.
"C'est toujours le même théâtre: le Medef veut par principe une revalorisation inférieure à celle du Smic. On s'est abstenus car au moins il y avait 1%, mais ça ne répond pas aux besoins", a réagi Eric Aubin (CGT).
La CFDT a "vivement" regretté "le blocage de la délégation patronale" qui "conduit à cette revalorisation bien trop modeste (...) en période d'augmentation du chômage et de pouvoir d'achat en berne".
Pour Gabrielle Simon (CFTC), "1%, c'est peu, vu la difficulté des chômeurs pour retrouver un emploi par temps de crise".
Le patronat a mis dans la balance "un contexte très particulier" de baisse des prix, mais aussi la dégradation des comptes de l'Unedic, qui devra réemprunter de l'argent pour couvrir son déficit cumulé.
Ce déficit pourrait atteindre 18 milliards d'euros en 2013, selon le président de l'Unedic, Geoffroy Roux de Bézieux (Medef). Il ne commencerait à se résorber qu'en 2014, selon des documents remis aux partenaires sociaux.
"Pour l'heure, la situation financière du régime n'est pas si mauvaise", mais en raison du décalage entre le début de la crise et la période d'indemnisation des nouveaux chômeurs, l'impact se fera sentir "en 2010 ainsi que les années suivantes".
Le secrétaire d'Etat à l'Emploi Laurent Wauquiez a relativisé la nécessité pour l'Unedic d'emprunter à nouveau, soulignant que "c'est une habitude" et que "sur l'assurance chômage on va pas commencer à mégoter".
L'option d'une hausse des cotisations chômage n'a même pas été débattue. La CGT a proposé mercredi une cotisation spéciale crise.
La hausse annoncée des allocations chômage est inférieure à la revalorisation du Smic, limitée au minimum légal (+1,3% au 1er juillet), alors que l'inflation devrait rester faible voire nulle en 2009.
La revalorisation bénéficie aux chômeurs actuellement indemnisés et qui l'étaient déjà au 31 décembre dernier, selon l'Unedic.
La moitié des chômeurs indemnisés touchent une allocation inférieure ou égale à 946 euros mensuels (chiffre septembre 2008).
Environ trois chômeurs sur dix n'ont droit ni à une allocation chômage, ni à l'allocation spécifique de solidarité (ASS) versée par l'Etat, ni au RSA et n'ont donc pas de revenu de remplacement.
Environ 16 millions de salariés cotisent à l'assurance chômage.
Le taux de cotisation n'a pas bougé depuis 2007 malgré la crise. Il est de 4% du salaire brut pour les employeurs et 2,4% pour les salariés.
Le patronat a proposé récemment de demander au gouvernement de revaloriser l'ASS à titre exceptionnel au 1er juillet. A ce stade, le gouvernement n'a "pas de position particulière", selon l'entourage de M. Wauquiez.
Avec un montant mensuel de 448,80 euros (personne seule), M. Wauquiez a déclaré vendredi sur RMC "avoir parfaitement conscience que cela permettait pas de vivre et de s'en sortir correctement".