Les Bourses européennes accusaient un recul lundi à la clôture, minées par les valeurs bancaires, les investisseurs redoutant de nouvelles secousses en zone euro après l'annonce d'une taxe sur les dépôts bancaires à Chypre en échange d'un plan de sauvetage international.
Madrid affichait la plus forte baisse en clôture à -1,29%, suivie par Milan (-0,85%), Londres (-0,49%), Paris (-0,48%), Francfort (-0,40%). L'Eurostoxx a cédé 0,74%
Vers 17H06 GMT, La Bourse de New York reculait légèrement à la mi-séance, le Dow Jones cédait 0,08% et le Nasdaq 0,17%.
L'euro perdait du terrain face au dollar et valait vers 17h00 GMT 1,2977 dollar contre 1,3075 dollar vendredi vers 21H00 GMT.
Chypre est le cinquième pays de la zone euro à bénéficier d'un programme d'aide internationale. Mais, chose nouvelle, il a été décidé d'instaurer une taxe exceptionnelle de 6,75% sur les dépôts bancaires en deçà de 100.000 euros et de 9,9% au-delà de ce seuil, ainsi qu'une retenue à la source sur les intérêts de ces dépôts.
Cette décision inédite qui doit rapporter près de 6 milliards d'euros en échange d'un plan de sauvetage de 10 milliards pour éviter la faillite chypriote a mis les banques de l'ensemble de la zone euro sous pression.
"C'est une décision lourde de conséquence, surtout si cela crée un précédent et ne s'arrête pas à Chypre, ce qui n'est pas le cas pour l'instant", relève Renaud Murail, gérant de Barclays Bourse.
Les valeurs bancaires ont été les premières touchées.
A Paris, BNP Paribas a perdu 2,82% à 42,75 euros, Crédit Agricole 3,16% à 6,96 euros et Société Générale 3,34% à 28,98 euros. Hors CAC 40, Natixis a lâché 0,88% à 3,26 euros.
A Londres, Barclays a reculé de 4,41% à 305,9 pence, Royal Bank of Scotland (RBS) de 3,44% à 297,3 pence et Standard Chartered de 2,07% à 1.726,5 pence.
A Francfort, Deutsche Bank a abandonné 1,88% à 33,46 euros, Allianz 1,74% à 110,3 euros, Munich Re 0,6% à 149,35 euros et Commerzbank 0,25% à 1,2 euro.
A Madrid, Santander a perdu 2,33% à 5,83 euros, BBVA 2,58% à 7,589 euros et CaixaBank 2%, à 2,83 euros.
A Milan, BMPS a lâché 5,03% à 0,2003 euro, Unicredit 3,61% à 3,69 euros Unicredit et Intesa Sanpaolo 2,52% à 1,2 euro.
Des discussions étaient en cours lundi entre Nicosie et ses bailleurs de fonds pour modifier la répartition de la taxe, afin de baisser la contribution des comptes en deçà de 100.000 euros, selon une source européenne.
La Banque centrale européenne (BCE), membre de la troïka, est favorable à des amendements au plan d'aide à Chypre, pourvu que sa contribution soit respectée.
"Si Chypre choisissait, tout en respectant l'enveloppe globale de sa contribution au plan, une répartition différente pour mieux protéger les petits dépôts, il faut l'écouter et à mon sens l'entendre", a égalemenbt déclaré le ministre des Finances français Pierre Moscovici.
L'ancien chef de l'Eurogroupe et actuel Premier ministre luxembourgeois, Jean-Claude Juncker, pour sa part, a implicitement critiqué le plan de sauvetage de Chypre par la zone euro et le FMI, en estimant qu'il comportait "des lacunes".
Le chef du gouvernement autrichien, le social-démocrate Werner Faymann s'est joint aux critiques. Pour lui, le rôle de l'UE est de trouver "des réponses qui protègent les petites gens et les personnes avec des revenus moyens".
Si l'on voulait s'attaquer à l'argent placé à Chypre par "les oligarques russes, on doit dire que le travailleur chypriote n'y peut pas grand chose", a-t-il fait valoir.
A la taxe sur les dépôts s'ajoutent des privatisations et une hausse de l'impôt sur les sociétés, qui passera de 10 à 12,5% sur l'île, longtemps perçue comme un paradis fiscal et soupçonnée de manquer de vigilance sur la provenance des fonds placés dans ses banques, en particulier depuis la Russie.