Les rivaux du groupe français Lafarge, le numéro un mondial des matériaux de construction, sont en train de réorganiser leurs activités en Europe, le Suisse Holcim et le Mexicain Cemex se préparant à échanger des activités sur les Vieux Continent.
Mercredi, le Suisse Holcim, basé à Jona, dans le canton de Saint-Gall, a annoncé qu'il allait reprendre une partie des activités du groupe mexicain dans l'ouest de l'Allemagne.
En échange, Cemex rachètera Cesko, la filiale qui regroupe les activités d'Holcim en République Tchèque, ont indiqué les deux géants du secteur de la construction dans des communiqués séparés.
Les deux groupes prévoient également d'unir leur forces en Espagne où ils fusionneront leurs activités. A l'issue de la transaction, Cemex détiendra 75% des parts de la nouvelle entité. Holcim prévoit de son côté de conserver une participation de 25% pendant au moins cinq ans.
A travers ces opérations, le groupe Holcim entend optimiser son portefeuille d'activités en Europe pour "s'adapter à la nouvelle réalité économique", a-t-il expliqué dans le communiqué.
"Cette transaction va renforcer de manière significative notre présence en Allemagne tout en nous donnant en même temps la flexibilité nécessaire en Espagne",
Le groupe suisse s'attend à ce que cette série de transactions dope son excédent brut d'exploitation à hauteur de 20 millions d'euros tandis que Cemex table de son côté sur une augmentation de 20 à 30 millions de dollars dès l'année prochaine.
"Compte tenu des surcapacités existantes en Europe, ces transactions semblent être une situation gagnante-gagnante", a commenté Philipp Gamper, analyste chez J. Safra Sarasin, dans une note.
Comme d'autres analystes, il a toutefois rappelé que ces opérations n'ont toutefois qu'un impact minime sur les comptes d'Holcim dans la mesure où celui-ci reste confronté à des défis substantiels en Inde et en Indonésie, deux de ses marchés de référence.
Malgré un impact financier relativement anecdotique, ces opérations pourraient néanmoins donner le coup d'envoi à un mouvement d'échanges d'actifs entre les fabricants de matériaux de construction en Europe, alors que le secteur peine à relever la tête dans la région depuis la crise de 2008.
"Nous nous attendons à d'autres transactions entre les différentes sociétés de ciment de manière à optimiser leur réseau de production", a commenté Christian Arnold, analyste chez Vontobel.
Ce principe d'échanges d'actifs pourrait permettre aux géants du secteur de se renforcer sur des marchés plus ciblés plutôt que d'éparpiller des activités peu rentables sur le vieux Continent.
Or si ce mouvement devait se confirmer, Holcim se retrouverait probablement en "pôle position" compte tenu de sa surface financière.
Le groupe est en effet noté BBB par l'agence de notation Fitch contre BB+ pour ses concurrents européens Lafarge et HeidelberCement.
Dans le détail, la transaction permet à Holcim de reprendre entre autres auprès de Cemex une cimenterie, deux usines de broyage d'une capacité de 2,5 millions de tonnes et 22 sites de granulats.
Le groupe suisse pourra ainsi renforcer sa présence en particulier en Rhénanie-du-Nord-Westphalie, "une des régions les plus prospères du pays", a-t-il souligné.
Cette opération lui permettra également de mieux coordonner ses activités en Allemagne avec celles en France et au Benelux afin d'optimiser la chaîne d'approvisionnement.
Cemex va de son côté reprendre une cimenterie d'une capacité de 1,1 millions de tonnes et 17 usines de béton prêts à l'emploi en république Tchèque, renforçant ainsi son poids en Europe Centrale.
Dans le cadre de ces échanges d'actifs, le groupe suisse s'est engagé à reverser 70 millions d'euros en cash à son concurrent mexicain. Cemex espère également mieux servir le marché espagnol en unissant ses forces à Holcim, qui a lui cherché à réduire la voilure sur ce marché. L'Espagne est un des premiers pays où le goupe suisse avait procédé à des coupes dans son plan d'économies lancé en 2012, avec la fermeture d'une cimenterie.
Holcim et Cemex espèrent boucler cette série de transactions au cours du dernier trimestre 2013, après l'aval des autorités de la concurrence.