Plombés par la tourmente dans la zone euro, les marchés asiatiques chutaient à leur tour vendredi en raison des craintes grandissantes d'une sortie de la Grèce et d'une contagion à l'Espagne, deux pays qui viennent à nouveau d'être sanctionnés par les agences de notation.
Les Bourses asiatiques ont ouvert en nette baisse et plongeaient pour certaines de quelque 3% en fin de séance. L'euro continuait de s'affaiblir face au yen, valeur refuge pour les investisseurs.
A Tokyo, l'indice Nikkei 225 des valeurs vedettes a chuté de 2,99% à la clôture. Séoul a lâché 3,40% à la fermeture et Sydney 2,67%. Vers 06H30 GMT, Hong Kong perdait 2,30% et Shanghai 0,97%.
Les Bourses asiatiques évoluaient ainsi dans le sillage des places européennes et de Wall Street la veille, qui ont nettement reculé. Paris a perdu en clôture 1,20%, Londres 1,24%, Francfort 1,18%, Madrid 1,11% et Milan 1,46%.
A New York, le Dow Jones a cédé 1,24% et le Nasdaq 2,10%, face aux péripéties en Grèce et en Espagne, et après la publication d'indicateurs économiques américains décevants.
Valeur refuge prisée des investisseurs en temps difficile, le yen continuait sa montée face à l'euro.
Vendredi à 6H10 GMT, l'euro cotait 100,36 yens à Tokyo contre 100,65 yens jeudi à 21H00 GMT. Le dollar valait 79,20 yens vendredi à 06H10 GMT contre 79,28 yens jeudi à 21H00 GMT.
La journée de jeudi a été marquée par une nouvelle vague de mauvaises nouvelles pour la zone euro, et notamment la Grèce et l'Espagne.
L'agence de notation financière Fitch a abaissé d'un cran la note à long terme de la dette souveraine de la Grèce, à "CCC".
Cette décision "reflète le risque accru que la Grèce ne soit pas en mesure de maintenir sa participation à l'Union économique et monétaire", a justifié Fitch.
Les dernières élections en Grèce ont vu la montée en puissance des partis anti-austérité. Leur possible accession au pouvoir après le prochain scrutin prévu le 17 juin pourrait remettre en cause le maintien du pays au sein de la zone euro, perspective qui inquiète les investisseurs.
Le Premier ministre sortant Lucas Papademos a prévenu que le rejet des engagements de la Grèce vis-à-vis de ses créanciers, UE et FMI, serait "désastreux".
Le FMI a lui annoncé qu'il suspendait ses contacts avec le pays jusqu'aux élections législatives, et qu'il ne travaillerait pas avec le nouveau gouvernement provisoire, nommé jeudi à Athènes pour expédier les affaires courantes.
En Espagne, Moody's a abaissé jeudi la note de crédit de long terme de 16 banques du pays, à cause des difficultés de l'économie et du secteur financier en général, de son déficit public et d'un "accès restreint aux financements".
Les abaissements vont d'un à trois crans, avec trois crans pour Santander et BBVA, les deux plus grandes banques du pays, qui tombent à "A3".
Le pays suscite l'inquiétude des investisseurs qui doutent de sa capacité à réduire son déficit public alors qu'il doit venir en aide à ses régions et à son secteur bancaire, tous deux fragilisés depuis l'éclatement de la bulle immobilière en 2008. L'Espagne est entrée en récession au premier trimestre 2012.
La déprime n'épargnait pas le marché pétrolier à Singapour, où le baril de "light sweet crude" (WTI) cédait 54 cents à 92,02 dollars dans les échanges de fin de matinée tandis que le baril de Brent de la mer du Nord perdait 68 cents à 106,81 dollars.
"Un vent de déprime a pesé lourdement sur les prix du pétrole (...). Les craintes liées aux dettes souveraines (en Europe) expliquent largement une érosion de la confiance dans les perspectives économiques, et donc dans la demande" de pétrole, signalent les analystes de Barclays dans une note.
Le président Barack Obama héberge vendredi et samedi un sommet du G8 dont les travaux devraient être dominés par cette crise de la dette en zone euro, face à laquelle Washington préconise, à l'unisson de certains dirigeants du vieux continent, une politique davantage orientée vers la croissance.