Le gouvernement espagnol a approuvé jeudi les plans d'austérité présentés par 16 des 17 régions du pays, qui prévoient 18 milliards d'euros d'économies afin de réduire leur déficit de moitié cette année.
Le gouvernement a ainsi écarté pour le moment la menace d'une prise en main par l'Etat central des budgets des régions qui ne respecteraient pas la trajectoire fixée, c'est à dire une réduction de leur déficit de 2,94% du PIB en 2011 à 1,5% cette année.
"Ces plans vont commencer à être appliqués dès leur approbation. Cette question est fondamentale pour retrouver la crédibilité de l'Espagne", a déclaré le ministre du Budget Cristobal Montoro après une réunion avec les présidents de région.
Le ministre a annoncé que les plans d'austérité avaient été approuvés pour 16 des 17 régions du pays. Seule la région des Asturies, dans le nord, devra revoir sa copie dans un délai de 15 jours.
Au total, les économies prévues par les régions s'élèvent à 18 milliards d'euros, se décomposant en 13 milliards d'euros de coupes budgétaires et 5 milliards de rentrées supplémentaires, a indiqué le ministère dans un communiqué.
Malgré ces efforts de réduction du déficit, la santé financière des régions espagnoles, qui gèrent les lourds budgets de l'éducation et de la santé, continue à susciter la méfiance. L'agence de notation Moody's a ainsi dégradé jeudi la note de quatre d'entre elles, l'Andalousie, la Catalogne, Murcie et l'Extrémadure.
L'agence, qui a placé ces régions sous perspective négative, et envisage donc d'abaisser à nouveau leur note à moyen terme, a souligné qu'elles n'avaient pas rempli leurs objectifs de réduction du déficit en 2011, et qu'il existait une "faible probabilité" que ces objectifs soient remplis en 2012.
Deux autres régions, la Castille-la-Manche et Valence, conservent leur note mais sont également placées sous perspective négative.
Autre mauvaise nouvelle pour l'Espagne: Moody's a aussi annoncé qu'elle abaissait la note de crédit de long terme de 16 banques espagnoles à cause des difficultés de l'économie et du secteur financier en général, des problèmes des finances publiques, et d'un "accès restreint aux financements".
Les abaissements vont d'un à trois crans, avec trois crans pour Santander et BBVA, les deux plus grandes banques du pays, qui tombent à "A3".
Le ministre du Budget a répondu à l'annonce de Moody's sur les régions espagnoles qu'il ne lui appartenait pas de "faire des évaluations". "Ce que je fais, c'est travailler pour redonner confiance", a-t-il ajouté.
La menace que faisait planer le gouvernement sur les régions visait à rassurer les investisseurs alors que l'Espagne, très décentralisée depuis la fin de la dictature franquiste, inquiète les marchés, qui craignent un contrôle insuffisant sur les finances locales et régionales.
Très endettées depuis l'éclatement de la bulle immobilière en 2008, les villes et régions du pays ont de plus en plus de mal à payer leurs fournisseurs.
Le gouvernement a donc promis de les aider dans ce domaine, et pour cela, les collectivités ont dû remettre leurs factures impayées à l'Etat: les villes ont présenté pour 1,7 milliard d'euros de factures, les régions 17,7 milliards.
Pour aider les villes et régions à régler les factures, le gouvernement a annoncé mercredi avoir souscrit auprès de 26 banques un prêt syndiqué de 30 milliards d'euros, qui pourra être porté à 35 milliards si besoin.
La discipline budgétaire imposée aux régions s'inscrit dans les efforts du gouvernement central de droite, qui cherche à ramener le déficit public du pays de 8,51% du PIB en 2011 à 5,3% cette année, puis à 3% en 2013.
Pour cela, le gouvernement a déjà adopté un budget d'une rigueur historique, prévoyant 27,3 milliards d'euros d'économies en 2012 . Il prévoit également d'économiser dix milliards d'euros par an sur les budgets de la santé et de l'éducation.