L'Etat français et le constructeur Dassault Aviation ont prôné mercredi la coopération européenne pour le développement du prochain avion de combat en Europe, lors de la présentation d'un précurseur de drone de combat européen dans le sud de la France.
"Nous, Dassault, sommes convaincus que le futur avion de combat européen, qu'il soit piloté ou non piloté, se fera en coopération européenne", a déclaré à la presse Eric Trappier, qui succèdera le 9 janvier au PDG de Dassault Aviation Charles Edelstenne, atteint par la limite d'âge.
Le Délégué général à l'armement, Laurent Collet-Billon, a lui aussi insisté sur l'ouverture des programmes actuels, multilatéraux ou bilatéraux, à d'autres partenaires européens. "La coopération européenne, ça marche" à condition d'être "mise en oeuvre de façon extrêmement pragmatique et professionnelle", a-t-il dit.
Le Neuron, un "démonstrateur" (laboratoire volant) de drone de combat qui a effectué son premier vol en public mercredi depuis la base aérienne de Istres (Bouches-du-Rhône), a été développé avec le financement de six pays (France, Italie, Espagne, Grèce, Suède et Suisse) sous la direction de la France et de Dassault Aviation.
Parallèlement, Dassault et le britannique BAE Systems, qui développe son propre démonstrateur de drone, le Taranis, se sont vus confier une étude de définition d'un futur drone de combat à l'horizon 2030.
Ce discours pro-européen tranche avec la pratique passée.
La France s'était retirée dans les années 80 du programme d'avion de combat Eurofighter, laissant la Grande-Bretagne, l'Allemagne, l'Espagne et l'Italie le construire ensemble pendant qu'elle finançait la construction du Rafale par Dassault. Les deux appareils se disputent depuis les marchés à l'exportation.
Si Dassault parle de coopération, c'est à des conditions auxquelles ne répondent pas les programmes européens actuels comme l'Eurofighter, l'avion de transport militaire A400M ou les hélicoptères militaires Tigre et NH90.
Charles Edelstenne a énuméré ces conditions qui ont permis, selon lui, le succès du Neuron: un soutien financier des Etats, "une organisation simple et claire" avec une seule agence gouvernementale (la DGA), et un maître d'oeuvre industriel unique (Dassault).
Il a en outre souligné le fait que les contributions de chaque partenaire ont été basées sur ses compétences "et non (sur) celles qu'il aurait pu acquérir aux frais du programme et donc du contribuable européen", et enfin l'utilisation des mêmes outils informatiques.
Le programme Neuron, a insisté M. Edelstenne, a respecté son budget de 405 millions d'euros. Le respect des budgets est une des fiertés de Dassault, dans une industrie où les dérapages budgétaires sont systématiques.
Le Neuron, qui a volé pour la première fois le 1er décembre, doit effectuer des tests pendant deux ans, en France, en Suède et en Italie. Seuls les Etats-Unis ont jusqu'à présent fait voler des démonstrateurs.