L'Etat s'est dit prêt jeudi à intervenir pour sauver Neo Sécurité d'une faillite entre les deux tours de la présidentielle, en contrepartie d'efforts de gestion de la société de gardiennage aux 5.000 salariés, dont le groupe suédois Securitas pourrait envisager la reprise.
A une semaine d'une décision sur l'avenir de l'entreprise, qui s'est déclarée mardi en cessation de paiement auprès du tribunal de commerce de Paris, l'Elysée a assuré que la France mettrait "tout en oeuvre pour assurer la pérennité des emplois et des activités" de Neo Sécurité.
L'Etat a dit être disposé à un effort financier et à faire appel aux structures d'appui au financement en fonds propres des entreprises.
Toutefois, a-t-il prévenu, son soutien n'est pas sans condition: il veut une "amélioration de la gestion de l'entreprise", une "intervention d'investisseurs financiers ou industriels pour appuyer un tel projet" et la mise en place d'instances représentatives du personnel.
Le ministère de l'Industrie a matérialisé ces exigences en annonçant avoir "commandé un audit de la gestion des dirigeants" de Néo Sécurité, "préalable à la délivrance d'une éventuelle nouvelle aide" et devant être rendu sous 8 jours.
Née en mars 2009 de la reprise des activités françaises, très déficitaires, du groupe britannique G4S, l'entreprise Neo Sécurité devait subir une restructuration dans la foulée. L'opération ayant pris du retard, elle avait été placée en procédure de sauvegarde en mars 2011.
Son président Jean Michel Houry, ancien de la Brink's critiqué par les syndicats pour son salaire et sa gestion, assure que son entreprise a besoin d'un prêt-relais de 15 millions d'euros pour continuer à fonctionner.
L'éventualité d'un sauvetage par un concurrent est néanmoins apparue jeudi: le PDG du leader du secteur Securitas France, Michel Mathieu, a confirmé à l'AFP qu'il allait étudier le dossier, comme l'avait annoncé auparavant le ministère de l'Industrie, et qu'il pourrait être amené à proposer une "offre de reprise partielle ou totale".
"Des entreprises d'autres secteurs d'activité, ainsi que des fonds d'investissement, ont également présenté des marques d'intérêt", a précisé le ministère, la procédure de reprise restant "ouverte à tout candidat intéressé".
"Ces offres sont à ce stade sans aucun fondement" et se limiteraient à "d'éventuelles reprises partielles", a rétorqué Neo Sécurité.
"Je n'ai qu'un objectif, préserver l'entreprise et ses 5.000 emplois, pas un de moins. Si un repreneur se présentait, il faudrait alors qu'il s'inscrive dans cette logique", a prévenu M. Houry.
Le ministère de l'Industrie a éloigné le spectre d'une vague de pertes d'emploi en cas de faillite du groupe, en rappelant qu'un accord du 5 mars 2002, au sein de la convention collective des entreprises de prévention et sécurité, impose une reprise de 85% des personnels aux marchés prestés.
"96% des emplois de Neo Sécurité sont des emplois d'agent de sécurité, qui seront repris par le nouveau titulaire des contrats de gardiennage, quel qu'il soit", a-t-il assuré.
M. Houry a de son côté réagi aux critiques le visant, après que les syndicats CFDT, CGT et Unsa ont dénoncé sa gestion "douteuse" ou "hasardeuse", des salaires "extravagants" des dirigeants et les frais de structure du siège social.
Il a affirmé que son seul actif était un appartement d'une valeur d'environ 1,5 million d'euros, hypothéqué dans le cadre du prêt bancaire qu'il a contracté pour la création de Néo Sécurité.
Il a également dit percevoir un salaire brut mensuel de 20.000 euros, avec des éléments variables consacrés au paiement de ses impôts et assurances. Et il a rejeté tout caractère "somptuaire" des locaux de son groupe.
La CGT a, pour sa part, réclamé un "droit de regard" sur les projets de reprise de Neo Sécurité.