Les dirigeants européens se retrouvent jeudi pour un sommet consacré à la lutte contre le chômage des jeunes, qui gangrène le continent, mais ils ne promettent pas de solution miracle un an après le lancement d'un pacte pour l'emploi dont les effets tardent à se faire sentir.
Plus de 26 millions de personnes sont au chômage en Europe, dont 5,6 millions de moins de 25 ans, faisant craindre l'émergence d'une "génération perdue". La situation est alarmante dans certains pays comme la Grèce et l'Espagne, où plus d'un jeune sur deux sont sans emploi.
"Il s’agit d’une situation d’urgence et nous exhortons les dirigeants européens à agir concrètement pour y faire face. Il y a 5,6 millions raisons de le faire. Toute inaction, toute tergiversation seraient inacceptables", a affirmé mercredi Bernadette Segol, de la Confédération européenne des syndicats (CES), invitée pour la première fois à un sommet européen.
Mais "nous ne serons pas en mesure de résoudre l'ensemble du problème du chômage" avec les initiatives actuellement sur la table, estime un diplomate européen. En outre, "les politiques sociales sont de la responsabilité des Etats. L'UE peut seulement aider", avait souligné le président du Conseil européen, Herman Van Rompuy, en inscrivant ce thème à l'ordre du jour.
Pour Marie Diron, économiste chez Ernst & Young, "il y a probablement peu de choses qui puissent être faites pour réduire sensiblement le chômage des jeunes à court terme". Mais elle prévient que "l'absence d'action pourrait mettre en danger la stabilité à long terme de la zone euro".
Un relatif consensus existe pour puiser dès 2014 dans une enveloppe de six milliards d'euros prévue pour l'emploi des jeunes dans le budget européen pour la période 2014-2020. Les six milliards seraient mobilisés sur deux ans au lieu de sept. Encore faut-il que les Etats et le Parlement européen parviennent à un accord sur le budget pluriannuel, qui n'est pas encore en vue.
Pour lutter contre la chômage des jeunes, les Européens cherchent également à traduire en actes leur "Garantie pour la jeunesse", qui prévoit d'offrir une formation ou en emploi à chaque jeune dans les quatre mois après la fin de ses études ou la perte de son emploi.
L'idée serait d'utiliser toutes "les marges inutilisées" dans le budget européen, d'avoir recours au Fonds social européen (FSE) et à la Banque européenne d'investissement (BEI) pour financer des infrastructures utiles à l’emploi des jeunes, a indiqué une source diplomatique.
"Mais il y a sur ce point un bras de fer avec les Allemands qui sont réticents", a indiqué cette semaine le Premier ministre italien Enrico Letta.
Les 27 souhaitent aussi améliorer le financement des petites et moyennes entreprises, créatrices d'emplois. Là encore, la BEI pourrait intervenir en développant de nouveaux instruments pour augmenter sa capacité de prêts.
En dehors de l'urgence du chômage des jeunes, qui alimente la défiance vis-à-vis des gouvernements et de l'UE, les Européens devraient faire le point sur l'état d'avancement de l'union bancaire.
Le débat sur le renforcement de la zone euro devrait en revanche être renvoyé à des jours meilleurs, au moins après les élections allemandes prévues en septembre, en raison de sa complexité et des divergences qu'il suscite.
Le sommet se déroulera dans un climat tendu par les coups échangés ces derniers jours entre la France et la Commission européenne. Paris juge notamment que les recommandations de Bruxelles sont trop précises sur la réforme des retraites, et veut qu'elles soient reformulées notamment pour retirer la référence à l'augmentation de l'âge légal de départ.
Vendredi, les Européens délaisseront les questions économiques pour la diplomatie. Ils devraient se prononcer sur une date pour l'ouverture des négociations d'adhésion de la Serbie, qui pourraient débuter entre octobre et janvier et durer plusieurs années.