La croissance restera bien proche de zéro cette année en France, faisant déraper les déficits, mais le gouvernement doit multiplier les réformes structurelles sans pour autant durcir la rigueur budgétaire, estime l'OCDE dans un rapport publié mardi.
Cette étude de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) est mi-figue mi-raisin pour les autorités françaises.
Au rang des mauvaises nouvelles, cette confirmation: la stagnation de l'activité va se poursuivre, avec une prévision de croissance pour 2013 révisée à la baisse à 0,1%, contre 0,3% attendu en novembre dernier.
L'organisation rejoint la Commission européenne dans son diagnostic, et le ministre de l'Economie Pierre Moscovici a assuré mardi qu'il s'agissait là d'une "base de travail" pour la prévision gouvernementale attendue dans les prochains jours.
Pour 2014, l'OCDE table toujours sur une croissance modeste de 1,3%.
L'Elysée trouvera du réconfort dans un autre chiffre. Selon le rapport, cette reprise très progressive devrait permettre au chômage de "se stabiliser fin 2013" autour de 11,25% de la population active. Le président François Hollande a promis d'inverser la courbe du chômage d'ici la fin de l'année, un objectif parfois raillé par les économistes.
L'emploi des jeunes et des seniors reste "le talon d'Achille de la société française", a néanmoins prévenu le secrétaire général de l'OCDE Angel Gurria.
Paris a aussi reçu le soutien de l'OCDE dans le débat budgétaire. La France négocie avec Bruxelles un délai pour ramener en 2014, plutôt qu'en 2013, son déficit public sous le plafond de 3% du produit intérieur brut (PIB).
D'après l'OCDE, ce déficit s'établirait à 3,5% cette année. Il retomberait à 3% en 2014, une prévision plus optimiste que celle de la Commission car elle prend en compte les différentes annonces gouvernementales, même lorsqu'elles n'ont pas encore été suivies de mesures concrètes.
Catalogue de recommandations
Surtout, malgré ce dérapage, l'organisation ne recommande pas au gouvernement de prendre de nouvelles mesures d'austérité. "Compte tenu de l'effort déjà réalisé, nous pensons comme vous, monsieur le ministre, qu'il convient de ne pas ajouter davantage de rigueur à la rigueur cette année", a lancé Angel Gurria à Pierre Moscovici lors d'une conférence de presse.
L'avis de l'OCDE n'est toutefois pas un chèque en blanc. Il faut "rester vigilant quant aux répercussions que pourrait avoir le dérapage du déficit" sur "la crédibilité de la politique budgétaire", prévient-elle.
Selon son étude, la poursuite de réformes structurelles "permettrait de minimiser les risques".
"Le calendrier politique offre une occasion unique de mettre en oeuvre une stratégie ambitieuse de réformes permettant d'accroître l'efficacité et de réduire le coût des politiques publiques", insiste le club des pays riches. Les récentes mesures en faveur de la compétitivité et sur le marché du travail "constituent des signaux encourageants" à ses yeux.
"L'enjeu c'est de réaliser partout des gains d'efficience pour préserver le haut niveau de protection sociale cher aux Français", a insisté Angel Gurria.
Ses experts publient tout un catalogue de mesures susceptibles, selon eux, de diminuer le niveau des dépenses publiques, dont la France détient le record au sein de l'OCDE juste derrière le Danemark.
Parmi les recommandations, certaines sont déjà à l'étude (amélioration de la formation professionnelle, réforme des retraites...) mais d'autres risquent de déplaire à la majorité de gauche, comme la simplification du licenciement ou la fusion des petites communes et la suppression du département.