Mois après mois, le secteur du logement neuf s'enfonce un peu plus dans la crise et les chiffres publiés mardi font craindre aux experts que les mises en chantier plongent largement sous la barre des 300.000 en 2013, très loin de l'objectif des 500.000 de François Hollande.
"L'année 2013 n'a pas commencé sur les chapeaux de roues, mais plutôt sur les jantes. Elle risque, avec un niveau prévu de 282.000 mises en chantier, de revenir à celui de 1998, à la fin de la grave crise des années 90", souligne pour l'AFP Michel Mouillart, professeur à l'Université Paris-Ouest et expert du secteur.
Les mauvais chiffres s'enchainent en effet. Après le secteur des maisons individuelles qui a prévu le 21 février une nouvelle "année noire" avec une chute de 25% de ses ventes en 2013, après déjà une baisse de 16% en 2012, c'est le ministère du Logement qui a publié mardi des chiffres qui font craindre le pire pour l'avenir.
Les ventes de logements neufs par les promoteurs ont en effet chuté de 17,9% en 2012. Les mises en chantier, tous secteurs confondus, entre novembre 2012 et janvier 2013, ont plongé de 28% et les permis de construire, pendant la même période, ont baissé de 19,1%
Au total, seulement 86.200 logements neufs ont été vendus par les promoteurs privés en 2012, soit une baisse de 17,9%, une tendance qui a même atteint 28,0% au quatrième trimestre.
"Le risque est grand de voir le secteur subir un véritable désastre industriel et social", avait averti le 14 février François Payelle, le président de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI).
Au cours des douze derniers mois (février 2012-janvier 2013), le nombre de mises en chantier, avec 298.272 unités, est en baisse de 21,6% par rapport aux douze mois précédents et est tombé sous la barre "psychologique" des 300.000.
Les prix ne baissent pas
Le nombre de permis de construire accordés, à 429.403 sur les 12 derniers mois (février 2012 à janvier 2013), est en baisse de 7,9% par rapport aux 12 mois précédents.
Malgré cela les prix des logements neufs vendus ne baissent pas et augmentent même de 1,2% sur l'ensemble de l'année 2012.
"La rareté du foncier demeure en effet une réalité, au-delà des annonces publiques d'une libération de foncier à prix abordable. Et le renchérissement des coûts de la construction induit par la mise en oeuvre des normes écologiques nouvelles pèse lourdement sur les prix de sortie", souligne M. Mouillart pour expliquer ce phénomène.
L'avenir ne s'annonce pas beaucoup plus rose, notamment pour les ventes aux investisseurs qui achètent des logements pour les louer, grâce à des dispositifs fiscaux qui ont "dopé" au cours des dernières années le secteur et ont sauvé de la faillite de nombreux promoteurs.
"Sur le papier, le dispositif +Duflot+ peut sembler plus attractif que son prédécesseur, le +Scellier+, en offrant une réduction d'impôt de 18%, contre 13%", note M. Mouillart.
Mais, ajoute-t-il, "il devrait être plombé par les contraintes qu'il impose en termes de plafond de loyers et de ressources des locataires. En obligeant à louer son bien 20% en dessous des loyers +de marché+ l'avantage fiscal fait figure de compensation plutôt que de véritable incitation. En outre, à l'issue de la période de convention, il n'y aura pas possibilité de remettre le loyer au niveau du marché et il y a donc dégradation de la rentabilité locative, comme rarement cela a été observé par le passé".