Le prix de l'or a grimpé pour la première fois au-dessus de 1.825 dollars l'once jeudi, accélérant ses gains face à un effondrement général des places boursières, alors que des indicateurs américains décevants exacerbaient les inquiétudes sur la croissance économique mondiale.
Vers 14H10 GMT (16H10 à Paris), le cours de l'once d'or est monté à 1.826,10 dollars sur le marché au comptant, un nouveau sommet historique, après avoir franchi le seuil inédit des 1.815 dollars deux heures auparavant. Vers 15H30 GMT, il évoluait autour de 1.820 dollars.
"Il y a de nouveau un vent de panique sur les marchés", a expliqué à l'AFP Ian O'Sullivan, analyste de la société financière britannique Spread Co : la dégringolade des places boursières (qui ont dévissé de plus de 5% en séance à Paris, Madrid, Londres ou encore Francfort) a poussé les investisseurs à se réfugier vers le métal jaune, valeur refuge par excellence.
Le yen et le franc suisse, autres valeurs refuges, grimpaient également sensiblement, tandis que les taux obligataires américains à 10 ans tombaient à leur plus bas niveau historique, plébiscités par des investisseurs paniqués.
Les marchés financiers, déjà plombés par un regain d'inquiétude sur la situation économique mondiale, ont été mis à terre par une salve d'indicateurs économiques décevants aux Etats-Unis.
Les inscriptions au chômage ont augmenté la semaine dernière, l'inflation s'est accélérée, les reventes de logements ont rechuté en juillet, et l'indice mesurant l'activité manufacturière de la région de Philadelphie (Nord-Est des Etats-Unis) pour le mois d'août s'est effondré.
"Il y a sur les marchés un sentiment que l'environnement économique devient dangereux, et une impression croissante que les responsables politiques échouent à répondre aux enjeux de la crise, aux Etats-Unis comme en Europe", observait Ross Norman, analyste du courtier spécialisé Sharps Pixley.
Le mini-sommet franco-allemand de mardi n'avait pas réussi à apaiser les esprits sur la crise des dettes en zone euro, tandis que les craintes sur la vigueur économique de la région s'accentuaient, après l'annonce mardi d'une croissance atone au deuxième trimestre (+0,2%).
"L'or n'est pas seulement un actif refuge en pleine crise mais constitue aussi un clair baromètre de la confiance des marchés, et le bond d'aujourd'hui laisse apercevoir la perspective d'une possible seconde crise économique (après celle de 2008), potentiellement plus dommageable", ajoutait M. Norman.
Exacerbant les préoccupations des investisseurs face à des perspectives économiques moroses, les analystes de Morgan Stanley ont revu jeudi à la baisse leur prévision de croissance mondiale pour 2011 (+3,9% contre +4,2% auparavant), estimant que les Etats-Unis et la zone euro "étaient dangereusement proches de la récession".
"L'or n'en a pas fini avec sa solide ascension, car il sert de bouclier face aux menaces inflationnistes", expliquait de son côté Simon Denham, directeur de la société Capital Spreads.
Ces dernières menaces étaient ravivées jeudi par l'annonce d'un bond des prix à la consommation en juillet (+0,5%) aux Etats-Unis, selon des chiffres publiés à Washington par le département du Travail, alors que les analystes tablaient sur une hausse beaucoup plus faible.