La compagnie irlandaise à bas coûts Ryanair a revu mercredi ses ambitions annuelles à la baisse, en évoquant un ralentissement persistant de son activité, suscitant l'inquiétude des marchés pour tout le secteur du "low cost" aérien.
Ryanair a indiqué dans un communiqué que "la récente faiblesse des prévisions de revenu par passager" pour octobre-décembre l'a conduit à réduire ses capacités pour l'hiver.
En conséquence, le numéro un européen du "low cost", qui connaissait jusqu'ici une réussite insolente, a légèrement réduit son objectif de trafic pour 2013/14 à 81,0 millions de passagers transportés, contre 81,5 millions anticipés auparavant.
Sur son exercice décalé 2012/13 clos fin mars, il avait franchi la barre des 75 millions de passagers.
Le groupe a néanmoins cherché à rassurer en confirmant du bout des lèvres ses objectifs annuels, avec un résultat net qui devrait se situer "dans le bas de la fourchette prévue de 570 à 600 millions d'euros".
"Cependant, si les prix et le revenu par passager continuent de s'amoindrir cet hiver, il n'y a aucune garantie que le résultat annuel ne finisse pas au niveau ou légèrement en-dessous du bas de cette fourchette", a prévenu le groupe dirigé par Michael O'Leary.
Ryanair a bien tenté d'atténuer la nouvelle en assurant que même avec un résultat net de 570 millions d'euros, son flux de liquidités et son bilan "resteront en très bonne santé", et qu'il n'entendait pas modifier son plan de rachat d'actions d'au moins 400 millions d'euros (177 millions ont déjà été réalisés).
déroute boursière
Mais ces précautions de language n'ont pas contenté les investisseurs puisqu'en milieu de matinée, le titre de Ryanair s'effondrait de 14,1% à 5,85 euros à la Bourse de Dublin. Et il entraînait dans son sillage le titre de son dauphin britannique Easyjet (-7,29% à 1.187 pence à Londres) et celui du numéro trois du secteur Norwegian Air Shuttle (-5,60% à 212,10 couronnes norvégiennes à Oslo).
"Pour les compagnies aériennes à bas coûts comme Ryanair, les performances en matière de résultats ont tendance à être saisonnières avec une augmentation des volumes pendant les mois de printemps et d'été et, à l'inverse, des volumes moindres en automne/hiver", a souligné Joe Rundle, courtier chez ETX Capital.
"Le fait que Ryanair signale une persistance de la faiblesse dans les prochains mois alors que la saison estivale, plus active normalement, n'est pas encore terminée va probablement inquiéter les investisseurs concernant ses résultats", a-t-il poursuivi, s'attendant à des annonces similaires des concurrents de la compagnie irlandaise dans les prochains mois.
Selon lui, il s'agit d'"une annonce décevante en provenance d'une industrie aérienne actuellement sous pression avec la hausse des prix du pétrole à cause des tensions au Proche Orient", une situation qui pourrait s'aggraver en cas d'intervention en Syrie et causer une "détérioration des profits".
Ryanair avait déjà signalé fin juillet un ralentissement inattendu des réservations de dernière minute en juillet du fait de la vague de chaleur qui a enveloppé l'Europe du nord et de la faiblesse de la livre face à l'euro.
"Une certaine normalité a été retrouvée en août, ce qui nous permet de maintenir nos objectifs pour le premier semestre", a relevé Michael O'Leary.
"Cependant, ces dernières semaines, nous avons remarqué une certaine baisse des prix et du revenu par passager pour les mois de septembre, d'octobre et de novembre", a-t-il poursuivi, montrant du doigt une concurrence accrue sur les prix à laquelle s'ajoute une augmentation des capacités sur les marchés britanniques, scandinaves, espagnols et irlandais.
Egalement responsables de cette situation, selon lui, "l'effet des politiques d'austérité et les conditions économiques difficiles en Europe" et le taux de change livre/euro.
Outre la réduction de ses capacités hivernales, qui devrait l'amener à clouer au sol 70 appareils au lieu des 40 à 50 prévus, le groupe compte lancer une série de ventes "agressives" de sièges à prix promotionnels en particulier dans les quatre pays où la concurrence s'est accrue.
"Cette annonce surprise de Ryanair vient contredire les commentaires de certains de ses pairs et de la compagnie elle-même en juin", a souligné la maison de courtage Goodbody.
Mais de son côté, le courtier irlandais Davy Resaerch a noté que "Ryanair est toujours en piste pour un deuxième trimestre record (avec des résultats semestriels qui devraient être juste au-dessus de ceux de l'an dernier) et pour l'exercice fiscal 2014".