L'Union européenne envisage un vaste mécanisme pouvant aller jusqu'à 600 milliards d'euros de prêts européens et du FMI, pour venir en aide si nécessaire aux pays de la zone euro et stopper une crise qui prend une dimension internationale.
Cette enveloppe était discutée dimanche soir à Bruxelles vers 23H30 (21H30 GMT) par les ministres européens des Finances réunis en urgence et engagés dans une course contre la montre pour trouver une solution rassurante avant l'ouverture des marchés des changes en Asie vers 23H00 GMT.
Faute de résultat crédible, la crise grecque, qui a déjà fragilisé dans son sillage le Portugal, l'Espagne et même l'Italie, pourrait menacer de s'étendre encore.
"Nous ne pouvons nous permettre de décevoir les marchés", a prévenu le ministre suédois des Finances, Anders Borg, appelant à "stopper la horde" des spéculateurs se comportant comme "une meute de loups".
Une proposition de 500 milliards d'euros a d'abord été mise sur la table, portée ensuite à 600 milliards d'euros, selon une source diplomatique.
Il s'agirait, si un accord est bien trouvé, d'un programme sans précédent dans l'histoire.
Le total se répartirait en 60 milliards d'euros de prêts octroyés par la Commission européenne, 440 milliards qu'apporteraient si nécessaire les pays de la zone euro sous forme de prêts bilatéraux ou de garanties et 100 milliards d'euros que pourrait apporter le Fonds monétaire international (FMI), a indiqué cette source.
"C'est très proche du système mis en place pour la Grèce", pour qui 110 milliards d'euros de prêts sur trois ans ont été débloqués, 80 milliards d'euros par les partenaires de la Grèce au sein de la zone euro et le reste par le FMI.
Les montants pourraient encore toutefois changer.
Différentes délégations se disputaient en outre la paternité de la proposition.
Selon une source diplomatique, l'offre de 500 milliards d'euros, incluant le FMI, a d'abord été présentée par l'Allemagne. Mais l'entourage de la ministre française de l'Economie Christine Lagarde a assuré que cette somme avait été préalablement "proposée par le président de la République Nicolas Sarkozy à la chancelière Angela Merkel" dans l'après-midi.
La Commission européenne a proposé dans un premier temps des prêts de l'Union européenne garantis par les Etats de la zone euro, et elle songeait à un système avec des montants "illimités", selon un diplomate.
Mais cette absence de plafond n'a pas été du goût de l'Allemagne en particulier, et Berlin voulait à tout prix impliquer le FMI, synonyme de sévères conditions imposées aux Etats qui feraient appel aux prêts, selon d'autres sources diplomatiques.
Il n'est pas non plus exclu que la Banque centrale européenne (BCE) apporte aussi une contribution au plan pour la zone euro, sous une forme à définir. Plusieurs pays l'ont appelée à faire un geste. Les marchés la poussent à prêter de l'argent aux pays dans le besoin, sous forme d'achat de leurs obligations.
L'UE est sous pression car la crise est en train de prendre une dimension internationale. Le président américain Barack Obama a appelé dimanche la chancelière allemande Angela Merkel, pour la deuxième fois en trois jours, afin de réclamer "des mesures énergiques pour redonner confiance aux marchés", a indiqué la Maison Blanche.
Le président Sarkozy a aussi eu dans la journée un entretien téléphonique avec Barack Obama pour constater "un large accord sur la nécessité d'une réponse d'ampleur aux désordres actuels qui affectent les marchés".