L'information avait fuité mais c'est désormais officiel: PPR se rebaptise Kering, un nouveau nom pour coller à son nouvel ADN alliant le luxe et l'habillement sportif, loin des activités historiques de distribution qui quitteront bientôt l'empire Pinault.
"Changer d'identité est l'aboutissement logique et nécessaire de la transformation", a estimé vendredi le PDG, François-Henri Pinault.
"Mon père en 2003 m'a transmis ce groupe (...) pour gérer et bâtir des choses" et le 18 juin, lors de l'assemblée générale, PPR deviendra officiellement Kering, un nom qui a "beaucoup de sens", a dit le fils du fondateur François Pinault, en présentant le nouveau visage de ce poids lourd de l'indice CAC 40.
"Ker" est une allusion aux origines bretonnes de la famille Pinault, a-t-il expliqué. En breton Ker signifie foyer, maison: Kering sera "la maison des marques". La terminaison "-ing" reflètera "la dimension internationale du groupe", qui en 2013 réalisera en France seulement 5% de son chiffre d'affaires.
Il y a aussi "un rapport direct à l'anglais +caring+, qui veut dire prendre soin, faire attention, nous prenons soin de nos marques et de nos collaborateurs", a ajouté M. Pinault.
Enfin Kering, prononçable dans toutes les langues, a un équivalent en chinois, "Kai Yun", synonyme de "ciel qui s'ouvre" et de bonne fortune, connoté extrêmement positivement, a dit le PDG, alors que la clientèle chinoise est un enjeu majeur pour les groupes de luxe.
Juridiquement parlant, Kering existera à partir de son approbation par les actionnaires à l'assemblée générale du 18 juin.
"Mais vous pouvez déjà nous appeler Kering", a lancé la directrice de la Communication, Louise Beveridge.
Après l'assemblée générale, "le 19 juin à 09H00", la Fnac, filiale de distribution de biens culturels, fera son entrée en Bourse une fois la scission approuvée par les actionnaires et aura ainsi quitté le giron de PPR.
Le groupe veut se libérer d'ici la fin de l'année de ses dernières activités de distribution, déjà évacuées du bilan financier. La vente de La Redoute sera lancée en avril, a dit M. Pinault. Le reste des activités de vente à distance a été cédé ou est sur le point de l'être.
A l'origine, le groupe créé en 1963 par François Pinault autour du négoce de bois était positionné dans la distribution professionnelle. Puis il a évolué vers la distribution grand public avant d'investir dans le luxe à la fin des années 1990 et la mode sportive depuis les années 2000.
Chouette
PPR parachève son recentrage exclusif vers ces deux pôles, plus porteurs au niveau international et plus rentables. Il détient Gucci, Bottega Veneta, Yves Saint Laurent, Balenciaga, Alexander McQueen, Boucheron, Puma, Volcom, Cobra...
Kering sera le cinquième nom du groupe depuis l'introduction en Bourse en 1988. Il fait suite à Pinault SA, Pinault Printemps, Pinault Printemps Redoute et depuis 2005 uniquement "PPR". Mais c'est la première fois qu'un "travail d'identité" est réalisé, a souligné le PDG.
Kering a choisi pour logo une chouette stylisée, symbole de claivoyance, aux "yeux malicieux". Mais c'est également un clin d'oeil familial, là aussi: "c'est l'animal préféré de mon père, de tous temps il a eu des chouettes sur son bureau", a dit le PDG.
Kering aura pour signature "Empowering Imagination", censée signifier qu'il encourage l'imagination et stimule la création. Le site web Kering.com a été lancé vendredi matin. Une campagne de communication mondiale démarre fin mars, qui fera notamment appel à la bloggeuse mode Garance Doré.
Le montant de cette opération changement de nom, concoctée avec Havas, Dragon Rouge et TBWA, n'a pas été révélé. Mais "le prix est tout à fait modeste à l'échelle du groupe", a assuré Mme Beveridge.
PPR a réalisé en 2012 un chiffre d'affaires de 9,74 milliards d'euros et un bénéfice net de 1,05 milliard d'euros. Il vise 24 milliards d'euros de ventes à l'horizon 2020.