Les Bourses, nerveuses avant la fin de la réunion des ministres des Finances européens sur la Grèce et alors que la zone euro reste divisée sur le dossier, ont terminé en ordre dispersé vendredi.
"Beaucoup d'informations ont révélé que la réunion en Pologne n'était pas aussi prometteuse que ce que l'on espérait", a résumé Dov Adjedj, vendeur d'actions chez Aurel BGC.
Convié exceptionnellement à une réunion des ministres européens des Finances à Wroclaw en Pologne, le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner s'est d'ailleurs dit préoccupé par les divisions entre les gouvernements et la Banque centrale européenne.
"Il est très dommage de constater qu'il existe non seulement des divisions dans le débat sur la stratégie en Europe, mais aussi qu'un conflit existe entre les gouvernements et la BCE", a-t-il déclaré en marge de cette réunion, mettant en garde contre les "risques catastrophiques" de la désunion.
A la clôture, Francfort a gagné 1,18%, Londres 0,58% et Madrid 0,61% mais Paris a reculé de 0,48% et Milan de 0,65%.
A New York, les indices de Wall Street ont fini dans le vert pour la cinquième séance de suite. Le Dow Jones a pris 0,66% et le Nasdaq 0,58%.
"Ce qui soutient le marché, c'est que le début de la semaine a été bon. La performance du marché est encourageante, il y a des signes de retour de la confiance, même s'ils ne sont pas très solides", a commenté Hugh Johnson, de Hugh Johnson Advisors.
La réunion en Pologne était convoquée notamment pour surmonter les obstacles restants à la mise en oeuvre du second plan d'aide à la Grèce décidé par l'Union européenne le 21 juillet mais les Européens semblaient incapables de surmonter leur désaccords.
"Des progrès ont été réalisés" mais aucun accord n'a été trouvé, a indiqué le chef de file des ministres des Finances de la zone euro, Jean-Claude Juncker.
La zone euro bute encore et toujours sur les garanties demandées par la Finlande en échange de nouveaux prêts à Athènes, une question qui empoisonne les relations au sein de la zone euro.
Plusieurs pistes ont jusqu'ici été évoquées: celle de garanties en liquide, que refuse fermement la zone euro, la mise en gage de terres grecques ou des participations dans des entreprises hellènes.
La difficulté est d'éviter d'affaiblir le plan de soutien à la Grèce et d'empêcher que trop d'Etats demandent ensuite le même traitement.
La ministre des Finances finlandaise a indiqué vendredi qu'il n'y avait pas de solution en vue dans la journée sur les garanties que Helsinki veut en échange de nouveaux prêts à la Grèce.
Et la ministre autrichienne des Finances, Maria Fektera, a remis sur la table l'hypothèse d'une faillite de la Grèce, indiquant que cela pourrait être préférable à un sauvetage trop onéreux, alors même que d'autres capitales s'escriment à rejeter cette option.
Concernant le versement d'une nouvelle tranche de prêts dont le pays a impérativement besoin, la zone euro a décidé de reporter à octobre toute décision.
"Nous prendrons notre décision sur la prochaine tranche d'aide en octobre, en nous fondant sur les déclarations de la troïka" (UE, Fonds monétaire international et Banque centrale européenne), les bailleurs de fonds de la Grèce, a annoncé M. Juncker.
Pour les économistes du courtier Aurel BGC, les attentes des marchés à l'égard de cette réunion "sont sûrement un peu trop fortes" et "la crise" de la dette en Europe "ne sera pas réglée ce soir" (vendredi).
Un constat partagé en Asie, où nombre d'analystes craignent que cette embellie soit de courte durée.
La Chine s'est voulue pour sa part rassurante, affirmant vendredi "soutenir" les efforts dans la zone euro pour résoudre la crise des dettes souveraines. Elle a aussi souhaité que de "nombreux pays" qui en font partie suivent le "rôle moteur" des banques centrales qui se sont mobilisées jeudi.
Les Bourses asiatiques ont clôturé vendredi en hausse, Tokyo terminant sur une forte progression de 2,25%, également soulagée par l'action concertée des banques centrales.
Jeudi soir cette action de la Banque centrale européenne (BCE), la Réserve fédérale des Etats-Unis, la Banque d'Angleterre, la Banque du Japon et la Banque nationale suisse, avait permis aux Bourses européennes et à Wall Street de progresser.
Les banques centrales se sont entendues pour soulager les banques européennes qui peinent à obtenir des liquidités en dollar, les prêteurs hésitant à leur faire confiance au vu de leur exposition aux dettes colossales de certains pays de la zone euro.
Cet approvisionnement est essentiel pour que les établissements européens puissent continuer à effectuer des prêts aux entreprises et aux ménages.