Les Boeing 787 de la compagnie aérienne japonaise All Nippon Airways (ANA) resteront cloués au sol au moins jusqu'à fin mai, a annoncé lundi le plus gros client de cet avion, qui prévoit d'annuler quelque 1.700 vols de plus en avril et mai.
ANA a expliqué que 1.714 vols supplémentaires seraient annulés de la fin mars à la fin mai, parmi lesquels 464 liaisons internationales (dont des vols au départ de Tokyo et à destination de Séoul, Seattle et Francfort).
Cela porte à 3.601 le nombre de vols supprimés par ANA depuis que les Boeing 787 sont immobilisés après deux graves incidents au Japon et aux Etats-Unis en janvier. Sur ce total, 939 vols sont des liaisons internationales.
Cette nouvelle vague d'annulation dévoilée par ANA couvre la période cruciale de la "Golden Week", une série de jours fériés au Japon de la fin avril et du début mai.
"Malheureusement, cela comprend la +Golden Week+, mais nous avons décidé d'informer nos clients par avance, car la date de la reprise (des vols du Boeing 787) reste inconnue", a expliqué à l'AFP une porte-parole de la compagnie japonaise.
Le dernier-né de l'avionneur américain est interdit de voler depuis les deux incidents de janvier: une batterie d'un Boeing 787 de la compagnie japonaise Japan Airlines (JAL) a pris feu à l'aéroport de Boston puis une batterie d'un autre exemplaire a connu un "emballement thermique", forçant cet appareil d'ANA à se poser en urgence au Japon.
L'immobilisation des 787 pénalise fortement ANA, compagnie qui fut la première à exploiter le "Dreamliner" et qui en possède 17 exemplaires, soit un tiers de la flotte mondiale.
Elle en a commandé au total 66 dont les livraisons devaient s'étaler sur environ une décennie. Dix de plus devaient déjà lui parvenir d'ici à mars 2014, mais rien n'est moins sûr désormais, puisque Boeing a suspendu les livraisons.
La compagnie est en conséquence contrainte de revoir ses horaires et liaisons desservies, ce qui entraîne un sérieux manque à gagner dans ses comptes.
Sa compatriote et rivale Japan Airlines (JAL), qui possède 7 Boeing 787, est aussi obligée de revoir ses plans.
Aux Etats-Unis, Boeing a présenté vendredi aux autorités fédérales de l'aviation (FAA) une solution pour permettre de lever l'interdiction de vol qui frappe son long courrier.
Selon des informations de presse, il s'agirait d'entourer chacune des huit cellules des batteries lithium-ion du Dreamliner d'une boîte isolante, en titane par exemple, pour éviter la contamination d'une éventuelle surchauffe ou d'un court-circuit à l'ensemble de la batterie.
Le constructeur aurait également proposé d'installer des systèmes à haute pression pour évacuer les émanations de gaz et fumées à l'extérieur de l'avion en cas de feu, a affirmé le Seattle Times.
Même si ces solutions étaient acceptées par la FAA, une autorisation au 787 pourrait encore prendre du temps. La compagnie aérienne américaine United Continental a d'ailleurs fait savoir dès jeudi qu'elle ne comptait pas faire revoler l'un de ses six Boeing 787 avant le 12 mai au plus tôt.
Bien qu'il ait rapidement suspendu ses livraisons après les incidents de janvier, Boeing a maintenu sa production à son rythme de cinq avions par mois.
Son rival européen Airbus a pour sa part annoncé à la mi-février qu'il renonçait à équiper son futur A350 de batteries lithium-ion, par principe de précaution, et qu'il revenait à de classiques batteries au cadmium.