La Commission européenne a mis en garde mercredi Microsoft contre une enquête sur Windows 8, son système qui sera lancé vendredi, juste après lui avoir communiqué ses griefs dans le cadre d'une enquête concernant le choix de navigateurs internet sur Windows 7.
"Nous avons été en contact avec Microsoft concernant Windows 8. Je leur ai fait part de mes préoccupations et je leur ai dit ce qu'il faut éviter s'ils ne veulent pas prendre le risque d'une nouvelle enquête", a déclaré le commissaire européen en charge de la Concurrence, Joaquin Almunia.
"Pas de système d'alerte, ni de demande de confirmation excessive (pour choisir le navigateur internet), présence d'un écran multi-choix dès le départ", a-t-il détaillé lors d'une conférence de presse à Bruxelles.
Microsoft sort vendredi Windows 8, une version très remaniée de son produit vedette, le système d'exploitation Windows.
Cette mise en garde intervient alors que la Commission européenne vient d'adresser ses griefs au groupe informatique, dans le cadre d'une enquête ouverte en juillet dernier.
"Dans sa communication des griefs, la Commission estime qu'à première vue, Microsoft n'a pas intégré l'écran multi-choix à son Windows 7, Service Pack 1, sorti en février 2011", indique-t-elle dans un communiqué.
"Entre février 2011 et juillet 2012, des millions d'utilisateurs de Windows dans l'UE ont ainsi peut-être été privés de l'écran multi-choix", souligne-t-elle. En conséquence, ils n'ont pas pu sélectionner facilement le navigateur internet qu'ils souhaitaient.
Lors de l'ouverture de l'enquête de la Commission en juillet, Microsoft avait reconnu une "erreur", promis d'y remédier et présenté des excuses.
"Ne pas respecter des engagements est une infraction grave", a toutefois insisté mercredi M. Almunia.
"Avant que la Commission prenne une décision finale, nous écouterons Microsoft qui a quatre semaines pour répondre", a-t-il affirmé. "Si nos griefs sont confirmés, nous irons à la phase suivante qui est l'estimation des sanctions en fonction de l'infraction", a-t-il poursuivi. La Commission peut imposer des amendes allant jusqu'à 10% du chiffre d'affaire de l'entreprise. L'envoi d'une communication des griefs ne préjuge pas de l'issue de l'enquête.
Le géant américain s'était vu infliger en 2008 une amende de 899 millions d'euros, réduite par la suite à 860 millions, pour avoir abusé de sa position dominante. Bruxelles l'accusait de biaiser la concurrence entre navigateurs en incorporant systématiquement son propre navigateur, Internet Explorer, à son système d'exploitation Windows.
Microsoft avait ensuite pris des engagements, rendus contraignants par la Commission, pour faire en sorte que les utilisateurs européens de Windows voient apparaître sur leur ordinateur un "écran de choix" leur proposant de choisir dans une liste de navigateurs à télécharger. Or, cet écran de choix n'a pas été proposée aux utilisateurs de Windows 7 SP1, lancé en février 2011.