La chancelière allemande Angela Merkel a menacé samedi la Russie de nouvelles sanctions, économiques cette fois-ci, en cas de nouvelle atteinte à "l'intégrité de l'Ukraine".
"Si la main était de nouveau portée sur l'intégrité territoriale de l'Ukraine, nous devrions procéder à des sanctions économiques", a déclaré Mme Merkel, à l'occasion de la réunion de son parti conservateur CDU pour définir leur programme des élections européennes.
La chancelière a affirmé que "personne ne devait se tromper" sur la capacité des pays européens à se mettre d'accord sur de telles mesures.
Après s'être emparée le mois dernier de la Crimée à l'issue d'un référendum non reconnu par l'Ukraine et les Occidentaux et avoir massé des dizaines de milliers de soldats aux frontières de l'Ukraine, la Russie a désormais initié des pressions économiques, en doublant quasiment le prix du gaz livré à son voisin.
"Personne ne veut interrompre les discussions" avec la Russie, a toutefois également assuré Angela Merkel, ajoutant "militer tous les jours" pour la poursuite de ces discussions. "Mais le droit du plus fort ne doit pas passer au-dessus du droit", a-t-elle poursuivi.
Devant les membres de son parti CDU, Angela Merkel a par ailleurs défendu "la nécessité de l'Europe" de nos jours, même si "la crise de la dette n'est pas encore aujourd'hui surmontée".
"Je suis contente de ne pas avoir à penser chaque jour à ce qui ce serait passé si la Grèce n'était plus dans l'euro (...). La Grèce suit un chemin difficile, mais nous sommes à ses côtés", a déclaré la chancelière allemande, dont la politique au plus fort de la crise avait été vivement critiquée à Athènes pour son intransigeance sur les plans d'économies à mener.
"L'euro est demeuré un projet politique et financier, un projet couronné de succès", a affirmé Mme Merkel.
Reprenant une position traditionnelle des conservateurs en Europe, elle a aussi déclaré qu'il y avait "des tâches que seule l'Europe pouvait accomplir pour tous", comme la mise en place de marchés communs de l'énergie ou du numérique, mais que beaucoup d'autres choses pouvaient faire à d'autres niveaux de décision, qu'il s'agit des Etats, des régions ou des communes.
Juste avant elle, le candidat de centre-droit pour la présidence de la Commission européenne, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker, avait aussi déclaré devant les membres de la CDU que "l'Europe devait s'occuper des grandes questions de notre temps, mais pas des petites choses" de tous les jours.
"Nous sommes aussi +social+ que les socialistes", a-t-il également déclaré, refusant que les conservateurs passent pour les méchants imposant l'austérité aux pays en crise.
"Nous avons besoin de consolidation budgétaire, mais nous avons besoin tout autant de croissance et d'emploi", a affirmé M. Juncker, s'inscrivant dans la rhétorique de Berlin selon laquelle réduction de la dette et croissance sont les deux faces d'une même médaille.
De son côté, Angela Merkel, qui doit désormais partager le pouvoir avec les sociaux-démocrates demandeurs de davantage d'investissements publics, s'est insurgée contre l'idée que la recherche de la croissance et la lutte contre le chômage devait "passer par toujours plus de programmes publics".