Le gouvernement a haussé le ton mercredi contre l'équipementier automobile américain Molex, déterminé à fermer son usine française, qui a riposté en annonçant "l'échec des discussions avec l'acheteur potentiel" présenté par le gouvernement.
Dans un communiqué, Molex a indiqué que "la société identifiée par le gouvernement français (...) ne semblait pas avoir un business plan pour l'usine de Villemur et ses salariés, et n'avait pas la volonté de faire les investissements de capitaux nécessaires".
"Molex est troublé par la présentation erronée de ses efforts de réindustrialisation", a déclaré le groupe, en riposte aux reproches formulés par le ministre de l'Industrie Christian Estrosi.
"Le moins qu'on puisse dire, c'est que nous avons été surpris, choqués" par le communiqué du ministre, a déclaré à l'AFP le vice-président Europe pour les ressources humaines, Markus Kerriou.
M. Estrosi a reproché au groupe américain de bloquer "toute solution d'avenir" pour le site de Villemur-sur-Tarn (Haute-Garonne) "par son attitude particulièrement peu constructive".
Les salariés exigent un maintien de l'activité, le temps d'assurer une diversification, plutôt dans l'aéronautique ou la robotique, tandis que l'industriel maintient son projet de fermeture en octobre, qui aboutirait au licenciement des 283 personnes.
Molex s'est dit prêt à céder les machines mais pas les produits ni la clientèle, essentiellement les deux grands constructeurs automobiles français PSA et Renault.
Le gouvernement avait obtenu que l'industriel américain rencontre à Bercy en août un repreneur potentiel, groupe basé à l'étranger dont le nom n'a pas été révélé. Le ministère de l'Industrie parlait alors de "première étape positive".
Mais mercredi, le ministre de l'Industrie a brandi la menace de demander "officiellement aux constructeurs automobiles français de suspendre immédiatement toute commande de matériel incluant des produits fabriqués par Molex", si le groupe ne négociait pas "de bonne foi".
Chez PSA Peugeot Citroën (50% des commandes de Villemur), un porte-parole a déclaré: "S'il le fallait, on pourrait envisager des sanctions mais on n'en est pas là".
De son côté, la direction de Renault a indiqué: "On est attentif à la situation, mais Molex est pour nous un équipementier de rang deux, et notre part dans son chiffre d'affaire est faible".
Le gouvernement s'est dit "prêt à financer intégralement le projet de reprise", mais Molex a déploré que le gouvernement "n'a pas été à même de trouver un repreneur approprié pour ses activités et n'a pas offert de garanties financières".
"Molex est surpris par la menace de boycott du gouvernement français", a ajouté sa direction, soulignant qu'il "pourrait mettre en danger le plan social et compromettre le processus de médiation".
La direction a fermé l'usine depuis le 6 août en mettant en avant des raisons de sécurité, après un incident entre des salariés et un membre de la direction.
Les salariés ont favorablement accueilli les propos de M. Estrosi, qui "a mis en acte les propos qu'il nous avait tenus", a déclaré le secrétaire du comité d'entreprise, Denis Parise (CGT).
Une réunion de médiation, mercredi après-midi à la préfecture de Toulouse, sur le plan social après un compromis sur le paiement partiel des jours de congés en août, n'a duré qu'une heure.
Syndicats et direction doivent se retrouver jeudi matin.