Le plan de restructuration de PSA Peugeot Citroën est "toujours inacceptable en l'état" aux yeux du gouvernement qui a demandé jeudi qu'il soit revu à la baisse, tout en admettant qu'il sera difficile de sauver l'usine d'Aulnay-sous-Bois, près de Paris.
Pour le ministre du Redressement Arnaud Montebourg, interrogé sur France Inter, "aujourd'hui, nous n'acceptons pas le plan en l'état".
"La raison pour laquelle nous le considérons toujours inacceptable en l'état, c'est que nous ne savons pas si ce plan est un plan de rétrécissement, de repli, ou si c'est un plan de reconquête", a-t-il justifié.
M. Montebourg avait tiré à boulets rouges sur la direction de PSA en juillet lors de l'annonce du projet du groupe de supprimer 8.000 postes en France, de fermer son usine d'Aulnay-sous-Bois en Seine-Saint-Denis et de réduire sérieusement la voilure dans celle de Rennes.
Il avait été suivi par le Président de la République, François Hollande qui avait qualifié ce projet d'"inacceptable" et accusait le groupe de "mensonge".
Le ton a changé depuis. Le gouvernement a pris connaissance du rapport réalisé pendant l'été par l'ingénieur des Mines Emmanuel Sartorius, qui reconnaît les difficultés financières du premier constructeur automobile français.
Cette expertise reprend l'argumentaire de la direction de PSA en constatant que "la nécessité, dans son principe, d'un plan de réorganisation des activités industrielles et de réduction des effectifs n'est malheureusement pas contestable".
"Ce sera difficile de sauver Aulnay"
L'outil industriel du groupe est surdimensionné, particulièrement en Europe où il est concentré et où la demande est en berne depuis la crise de 2008, fait valoir PSA, d'où la nécessité de tailler dans ses effectifs.
"Aujourd'hui, ce sera difficile de sauver Aulnay et nous ne voulons pas le cacher, car nous avons des surcapacités qui risquent de plomber Peugeot si nous n'y remédions pas", a d'ailleurs averti M. Montebourg. "Nous pensons que Peugeot est en difficulté", a-t-il insisté.
Pour autant, le ministre a redemandé à la direction de revoir sa copie concernant le nombre d'emplois menacés. "La bataille ne fait que commencer pour la négociation", promet le ministre, accusé par certains syndicats de PSA de les avoir trahis.
"Il faut renégocier, recalibrer, reformater car nous ne pouvons pas accepter ce plan en l'état", a-t-il martelé.
Cette négociation doit se faire dans le cadre de discussions réunissant la direction, les syndicats, mais aussi les élus locaux et le gouvernement, pour le ministre.
PSA estime que ce thème doit être abordé dans le cadre de rencontres bilatérales entre la direction et les syndicats. Il laisse en revanche la porte ouverte à des négociations quadripartites sur la revitalisation des sites d'Aulnay et de Rennes.
M. Montebourg aura l'occasion de présenter son point de vue au numéro un de PSA qu'il reçoit en fin d'après-midi. C'est la première rencontre entre le ministre et Philippe Varin depuis la remise du rapport Sartorius.
Les syndicats, eux, attendent les conclusions d'un rapport commandé au cabinet Secafi, qui a déjà audité PSA, attendues fin novembre. C'est particulièrement le cas pour la CFDT et la CFTC. La CGT, elle, refuse d'entendre parler de la fermeture d'Aulnay, tandis que le syndicat maison, le SIA, majoritaire sur le site, appelle à tout faire pour sauver un maximum d'emplois. FO et la CFE-CGC, eux, sont déjà tournés vers le processus de réindustrialisation des sites menacés.