Un nouveau record de chômeurs sera vraisemblablement atteint jeudi, avec la publication à 18H00 du nombre d'inscrits fin avril à Pôle emploi, mais malgré des prévisions sombres pour 2013 et 2014, François Hollande maintient son objectif d'inverser la tendance et cette semaine, défend tous azimuts sa politique.
Selon les Echos, le nombre de demandeurs d'emploi progresserait de plus de 40.000 en avril.
Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a indiqué s'attendre à ce que les chiffres "ne soient pas bons". "Nous sortons d'une période de deux trimestres d'une récession qui touche la France et toute la zone euro. Dans ces conditions, le marché de l'emploi ne peut repartir", a-t-il affirmé.
Fin mars, le pic de 1997 a été dépassé. La France n'a jamais compté autant de demandeurs d'emploi sans aucune activité en métropole : 3,224 millions. Et selon l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE), la série noire ininterrompue depuis deux ans va se poursuivre.
L'OCDE prédit en effet un taux de chômage à 10,7% en 2013 et 11,1% en 2014. Et l'Unédic (Assurance chômage) prévoit un ralentissement de la hausse fin 2013, mais un rebond ensuite.
Face aux mauvaises prévisions, le président Hollande a défendu mercredi les mesures engagées et réaffirmé que son objectif "reste de faire l'inversion de la courbe du chômage" en fin d'année.
Parce que les dispositifs lancés ne produiront leurs premiers effets au mieux que dans quelques mois, et en l'absence de croissance, "il va y avoir encore une augmentation du chômage jusqu'à la fin de l'année", mais "je ne vais pas me résigner", a ajouté M. Hollande depuis l'Aveyron.
Plan franco-allemand pour l'emploi des jeunes
Soucieux de montrer que la lutte contre le chômage est sa priorité, le président avait symboliquement choisi de se rendre près de Rodez dans une usine de l'équipementier automobile allemand Bosch, où un accord avec les syndicats prévoit des investissements et une préservation de l'emploi, en contrepartie d'une modération salariale et d'une utilisation des RTT pour faire face aux variations d'activité.
Avant ce déplacement, il avait présidé un séminaire sur l'emploi à l'Elysée et ouvert mardi cette séquence emploi en annonçant une "vaste offensive" franco-allemande pour l'emploi des jeunes en Europe.
Alors que 6 millions de jeunes Européens sont au chômage, dont plus de 700.000 en France, ce plan sera au coeur de la rencontre prévue dans l'après-midi à Paris avec la chancelière Angela Merkel.
Cette initiative pour mieux utiliser 6 milliards d'euros de fonds européens disponibles, et notamment financer un "Erasmus de l'alternance", viendrait compléter l'arsenal anti-chômage des jeunes de Hollande, qui peine à décoller.
Selon le ministère du Travail, 20.000 emplois d'avenir, destinés aux jeunes pas ou peu diplômés, avaient été conclus fin avril sur les 100.000 escomptés en fin d'année. Un rythme jugé "normal" au ministère, qui les a néanmoins récemment ouverts davantage au secteur privé pour accélérer les signatures.
Quant aux contrats de génération, opérationnels depuis peu pour permettre l'embauche d'un jeune et le maintien en activité d'un senior, le démarrage est aussi très lent.
En attendant, le ministère a reconduit en 2013 la rallonge de contrats aidés consacrée en 2012 au secteur non-marchand (pour conserver un niveau de 440.000 contrats subventionnés).
Plus généralement, le gouvernement mise sur la loi sur la sécurisation de l'emploi, votée le 14 mai, pour limiter les licenciements dans les mois à venir.
Bruxelles a appelé mercredi la France à mettre en oeuvre rapidement cette réforme, transposition de l'accord du 11 janvier entre le patronat et trois syndicats, qui encourage notamment les accords de flexibilité comme chez Bosch.
Il faut aussi "lancer en urgence une réforme de l'assurance chômage",, pour rendre "attractif le retour au travail", a aussi demandé la Commission européenne. Les règles d'indemnisation doivent être remises à plat à l'automne alors que l'Unédic s'attend à un déficit de 4,8 milliards d'euros en 2013.