Le rouble a battu mardi un nouveau record historique de faiblesse face à l'euro et au dollar, poursuivant sa dégringolade provoquée par la crise ukrainienne, les sanctions économiques occidentales prises contre Moscou, et par la chute des cours du pétrole.
Mardi, l'euro est monté à 54,04 roubles vers 08H55 GMT, atteignant un nouveau seuil redouté par les ménages russes, après avoir dépassé les 53 roubles vendredi.
Le dollar a atteint de son côté 42,50 roubles à la même heure.
Depuis début octobre, le rouble bat quasi quotidiennement des records de faiblesse par rapport au dollar et à l'euro, conséquence notamment des sanctions occidentales qui poussent les investisseurs étrangers hors de Russie.
La Banque de Russie doit se réunir vendredi pour se prononcer sur son taux directeur, actuellement à 8%. Elle se trouve "face à une tâche peu enviable", ont estimé les analystes de VTB Capital, estimant que la banque centrale "ne peut pas faire grand chose pour éviter un pic d'inflation à court terme", mais pourrait augmenter son taux à 8,5% malgré tout.
"L'influence du taux de change sur l'inflation a toujours existé, mais elle est devenue plus importante. Le risque, c'est que l'inflation dépasse les 8% et, peut-être, aille plus haut dans les faits réels", a averti mardi le ministre de l’Économie Alexeï Oulioukaev, interrogé par le quotidien Rossiskaïa Gazeta.
La banque centrale a déjà augmenté plusieurs fois ses taux depuis le printemps, s'attirant les critiques au plus haut niveau du pouvoir de ceux qui craignent que ce durcissement de politique monétaire n'étouffe davantage une économie déjà au bord de la récession.
"Trois facteurs mettent la pression sur le rouble: la baisse des prix du pétrole, les sanctions occidentales contre des entreprises appartenant à l'Etat et l'incertitude géopolitique en Ukraine, un partenaire important du commerce extérieur russe", explique Timour Nigmatoulline, analyste de l'agence indépendante Investkafé.
"Si la situation ne change pas, la dépréciation du rouble va se prolonger et ralentir la croissance économique", souligne-t-il.
La crise ukrainienne, qui a provoqué une volée de sanctions de la part des Occidentaux contre la Russie pour son rôle présumé dans le conflit, pèse lourdement sur la monnaie russe, aussi plombée par la baisse des cours du pétrole.
L'or noir, avec le gaz, assure la majorité des revenus du gouvernement russe, à un moment où les sources de financement sont plus compliquées à trouver à cause de la crise.
Les Russes voient avec inquiétude le rouble plonger depuis le début de l'année, ce qui dope l'inflation encore renforcée par l'embargo imposé par Moscou sur la plupart des produits alimentaires des pays occidentaux qui la sanctionnent. Ils sont tentés de placer leurs économies en devises étrangères, aggravant le phénomène.
Selon un sondage publié lundi par le centre russe indépendant Levada, 45% des Russes interrogés sont préoccupés par la chute de leur monnaie face au dollar.