Le laboratoire suisse Novartis a une nouvelle fois drastiquement réduit ses effectifs aux Etats-Unis pour faire face à l'expiration d'un important brevet et l'échec rencontré sur plusieurs médicaments, a-t-il annoncé vendredi.
Après la suppression de 2.000 postes fin octobre, principalement en Suisse et aux Etats-Unis, le laboratoire bâlois a une nouvelle fois réduit ses effectifs américains.
Le groupe prévoit de supprimer 1.630 postes de visiteurs médicaux et environ 330 emplois dans l'encadrement aux Etats-Unis. Ce programme doit commencer à entrer en vigueur à partir du deuxième trimestre et devrait permettre au groupe d'économiser à partir de l'année prochaine quelque 450 millions de dollars (351,3 millions d'euros) par an.
Cette mesure a été en partie rendue nécessaire, selon Novartis, en raison de la perte du brevet de son médicament phare, le Diovan. Ce "blockbuster" a dégagé au troisième trimestre 1,4 milliard de dollars de chiffre d'affaires, les meilleures ventes du groupe.
Le Diovan, qui a déjà perdu à la fin de l'année dernière son brevet en Europe, va également le perdre en septembre aux Etats-Unis et sera dès lors vulnérable à la concurrence des médicaments génériques.
Mais ce ne sont pas les seules déconvenues de Novartis. Le groupe a en effet rencontré des difficultés avec un autre hypertenseur, le Rasilez (Tekturna aux Etats-Unis).
Le groupe avait stoppé en décembre une étude clinique de phase III sur ce médicament utilisé chez des patients atteint de diabète, en raison d'effets secondaires.
Deux autres molécules en cours de développement, l'anticoagulant Elinogrel et l'Oral Calcitonin contre l'ostéoporose et l'arthrite, ont également échoué à passer l'étape des études clinique de phase III et ont été retirés du portefeuille.
Ces trois événements ont conduit Novartis à encaisser des charges exceptionnelles d'un total de 1,2 milliard de dollars.
Ce montant se décompose en une charge de 160 millions de dollars au premier trimestre 2012 pour le plan de rigueur, une autre de 900 millions pour le Rasilez et une de 160 millions pour la fin des programmes de l'Elinogrel et l'Oral Calcitonin. Ces deux derniers montants seront rétroactivement comptabilisés au quatrième trimestre 2011.
"Nous reconnaissons que les deux prochaines années seront délicates pour la division pharmaceutiques", a déclaré le directeur de la division David Epstein, cité dans le communiqué.
"Ce sont des décisions difficiles mais nécessaires libérant des ressources qui seront investies dans notre activité à venir", a souligné M. Epstein.
Novartis, qui emploie 121.000 personnes dans le monde, avait déjà annoncé fin octobre la suppression de 2.000 postes principalement en Suisse et aux Etats-Unis, provoquant une levée de bouclier des syndicats helvétiques.
Le groupe suisse n'est cependant pas le seul à buter sur l'épineux problème de l'expiration des brevets.
Selon l'agence de notation Fitch, les 15 grands laboratoires mondiaux vont continuer à faire face à des "défis importants" cette année en affrontant une période sans précédent d'expiration de brevets.
En 2012, le secteur va ressentir l'impact de la perte de brevets de quatre des dix principaux médicaments, pour une valeur de 50 milliards de dollars. Outre Novartis, les groupes américains Eli Lilly, Bristol-Myers Squibb et Pfizer sont affectés.
Ces pertes de brevets auront notamment pour conséquence une baisse des ventes cette année.
La restructuration de Novartis aux Etats-Unis en raison de la perte de brevet du Diovan était attendue, selon les analystes de Wegelin. Mais les charges exceptionnelles et les problèmes avec le Rasilez devraient "décevoir" les investisseurs, ont-ils ajouté.
A la Bourse suisse, l'action Novartis reculait de 1,22% à 52,70 francs suisses, dans un marché en hausse de 0,22%.