Aucune sortie de crise pour le marché automobile européen n'est en vue au salon de Genève, qui a ouvert ses portes mardi et où s'est invité le débat sur le diesel, très suivi en France.
Il n'y aura "pas de décision en 2013" sur une éventuelle prime de conversion pour aider au remplacement des voitures diesel les plus polluantes, a déclaré mardi lors d'une visite sur le salon le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg.
Dans une interview à l'AFP TV, le PDG de Renault, Carlos Ghosn, s'était dit plus tôt mardi favorable à toute mesure pouvant inciter au remplacement des vieux modèles diesel les plus polluants.
Encourager "la vente d'anciens diesels pour acheter de nouveaux diesels, c'est une très bonne initiative", a-t-il estimé, même s'il est réticent à l'idée de toucher à la fiscalité sur le diesel.
"La taxation est de la décision du gouvernement mais notre opinion c'est que il n'y a pas de problème aujourd'hui de santé autour des diesels actuels", a fait valoir M. Ghosn.
Au-delà de cette question, la chute des ventes en Europe demeure le principal sujet de la 83e édition du salon, qui accueille pour deux jours la presse avant d'ouvrir jeudi au grand public jusqu'au 17 mars.
Après une chute de 8% des immatriculations de voitures neuves dans l'Union européenne l'an dernier, à 12 millions d'unités, le marché automobile européen ne devrait pas retrouver ses niveaux d'avant-crise avant quatre ou cinq ans, a estimé mardi Stephen Odell, président pour l'Europe de Ford, qui va fermer trois usines sur le Vieux continent.
"Le marché européen est toujours aussi compliqué", a reconnu le directeur des ventes du géant allemand Volkswagen, Christian Klingler, lundi soir.
Pour cette année, les constructeurs attendent un repli plus limité, même si la dégringolade s'est poursuivie en début d'année en France (-12,1%), en Italie (-17,4%), en Espagne (-9,8%) mais aussi en Allemagne (-10,5%).
"Les deux premiers mois de l'année en Europe ont été très décevants puisqu'on est en train de parler d'un déclin des ventes de l'ordre de 9%", a jugé le PDG de Renault, Carlos Ghosn. Un constat partagé par le patron de Daimler, Dieter Zetsche, qui prévoit toutefois "une amélioration au second semestre".
Renault table sur un recul dans la région compris entre 3 et 5% sur l'ensemble de l'année, comme PSA Peugeot Citroën.
Les Allemands, eux, peuvent compter sur leur présence dans le haut de gamme, qui résiste mieux. Le patron de BMW, Norbert Reithofer, a fait preuve d'un "optimisme contenu" et s'attend à un recul des ventes en Europe limité (-2%).
"Nous continuons à progresser dans un marché en recul", s'est aussi félicité M. Zetsche.
Le constructeur allemand Opel, filiale en difficulté de l'américain General Motors, se fait toutefois peu d'illusions pour 2013. Son nouveau patron Karl-Thomas Neumann a déclaré mardi ne pas attendre cette année une hausse des ventes de la marque à l'éclair, compte tenu de l'état du marché européen.
Le président du japonais Mitsubishi, Osamu Masuko, espère de son côté profiter de la baisse du cours du yen et assure avoir "de très grandes attentes pour 2013 sur le marché européen".
Les considérations de McLaren, Ferrari et Lamborghini sont d'une autre tonalité, puisqu'ils ont dévoilé des modèles vendus entre un et trois millions d'euros. Le luxe, spécialité du salon de Genève, ne connaît pas la crise.
C'est d'ailleurs sur ses luxueuses Maserati et Alfa Romeo que compte l'italien Fiat pour se redresser.