L'Agence internationale de l'énergie (AIE) a revu mercredi en nette baisse, pour le cinquième mois consécutif, sa prévision de demande mondiale de pétrole pour 2012 en raison de la crise économique qui sévit notamment en Europe.
Selon son rapport mensuel, la consommation de brut s'établirait à 90 millions de barils par jour (mbj) cette année, soit 0,2 mbj de moins que prévu le mois dernier. La croissance de la demande par rapport à 2011 est aussi amputée de 0,2 mbj et ne devrait être que de 1,1 mbj (+1,2%).
Lundi, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) avait pour sa part revu en très légère hausse sa prévision de demande mondiale de brut pour 2012, tout en soulignant les incertitudes liées à la crise de la dette en zone euro. Le cartel s'attend à une consommation de 88,90 mbj cette année, une prévision proche de celle de l'AIE.
L'AIE, qui représente les intérêts des pays consommateurs membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), souligne que l'évolution de 2012 sera essentiellement liée à une hausse de la demande dans les économies émergentes (+1,4 mbj).
"Le marché à deux vitesses va perdurer, avec une croissance relativement forte en provenance des économies non membres de l'OCDE qui fera plus qu'absorber le déclin prévisible dans l'OCDE", prévient l'agence, dont le siège est à Paris.
En cause dans la nouvelle révision à la baisse, une chute de la consommation au dernier trimestre de l'an dernier (-0,3% par rapport à la même période de 2010), qui va de pair avec "l'entrée en récession d'une grande partie de l'Europe".
"Des prix du brut élevés, conséquence en partie des tensions avec l'Iran, ont encore contribué à abaisser les perspectives, tout comme un début d'hiver doux dans l'hémisphère Nord", ajoutent les auteurs du rapport. "Cette conjonction du ralentissement économique et de prix du brut élevés devrait continuer à freiner la croissance de la demande début 2012."
L'AIE n'exclut pas un scénario économique encore plus noir, qui s'appuye sur "la possibilité tout à fait concrète" d'une crise européenne restant sans solutions, et qui déboucherait sur une demande de pétrole encore moindre.
La production mondiale d'or noir a de son côté augmenté de 100.000 barils par jour à 90 mbj en décembre, tirée par le redressement de l'offre libyenne et saoudienne.