Dans le sillage de l'envolée des cours du pétrole, les prix du gaz vendu au public devraient augmenter d'environ 5% au 1er avril, soit 45 euros en moyenne par foyer, selon des sources concordantes, un nouveau "coup de massue injustifié" aux yeux de l'UFC Que Choisir.
Dévoilée par Le Figaro mardi, une telle hausse porterait l'augmentation à quelque 20% sur un an, et à 51 % depuis juillet 2005, pour près de 90% des 10,8 millions de foyers raccordés au gaz naturel qui sont soumis aux tarifs réglementés, essentiellement proposés par GDF Suez.
Le gouvernement se refuse pour l'heure à confirmer une décision très impopulaire à un an de la présidentielle.
"Je ne confirme pas, c’est quelque chose qui est à l’étude et qui sera annoncé dans les semaines qui viennent", a déclaré sur RTL le ministre de l'Energie, Eric Besson.
"Les chiffres de l'augmentation des prix du gaz au 1er avril ne seront connus que le 1er mars. Les estimations publiées aujourd'hui dans la presse sont prématurées", a précisé son entourage.
Interrogé par l'AFP, GDF Suez n'a souhaité faire "aucun commentaire, la période de référence de calculs n'étant pas terminée".
Selon Le Figaro, le tarif réglementé du gaz, réévalué tous les trois mois, devrait augmenter dans une fourchette de 4,8% à 5,2% au 1er avril, en vertu d'une nouvelle formule de calcul qui détermine son évolution chaque trimestre.
"C'est ça. C'est l'ordre de grandeur, aux environs de 5%", confirme une source proche du dossier. "Avec l'ancienne formule, la hausse aurait été supérieure", précise cette source.
Selon la réglementation, GDF Suez devrait soumettre ses propositions de nouveaux tarifs à la Commission de régulation de l'Energie (CRE) autour du 10 ou 11 mars.
Les prix du gaz découlent directement des cours du pétrole, poussés à la hausse par les révoltes au Moyen-Orient et en Afrique du nord et installés depuis plusieurs semaines au-dessus de la barre des 100 dollars.
Ils sont déterminés par une nouvelle formule mathématique depuis fin 2010 qui intègre désormais pour 10% le prix des contrats d'approvisionnement de gaz à court terme, moins onéreux que les contrats à long terme.
"En théorie, c'est la CRE qui tranche et son avis est contraignant. Mais en pratique, le gouvernement peut demander de surseoir à une augmentation comme l'a déjà fait la ministre de l'Economie Christine Lagarde", relève une autre source proche du dossier.
En janvier, Mme Lagarde avait annoncé que les tarifs du gaz réglementés restaient inchangés, après avoir demandé six mois auparavant "une pause" dans les tarifs jusqu'au 1er janvier 2011.
L'une des principales associations de consommateurs, UFC Que Choisir, s'est immédiatement insurgée mardi contre "un nouveau coup de massue injustifié", appelant "l'Etat à prendre ses responsabilités" et à s'opposer à cette hausse.
"L’UFC-Que Choisir rappelle que c'est toujours l’Etat qui fixe les barèmes des tarifs réglementés, même s’il essaie de s’abriter derrière" la CRE. "Le cours du gaz sur les marchés de gros a chuté ces dernières années (- 30% entre novembre 2008 et septembre 2010)", a souligné l'association.
"GDF-Suez s'approvisionne en partie sur ces marchés et a renégocié ses contrats d'approvisionnement pour qu'ils ne soient plus entièrement indexés sur les produits pétroliers. Mais le consommateur continue de payer son gaz au prix fort, selon une formule (qui) ne tient pas suffisamment compte de cette nouvelle donne", a-t-elle estimé.
Selon l'UFC Que Choisir, cette augmentation "inacceptable" se traduirait par "50 euros supplémentaires" venant s'ajouter à une facture alourdie de 150 euros en moyenne l'an dernier.
Le Parti socialiste a dénoncé mardi les "nouvelles hausses inacceptables" du prix du gaz, jugeant que le gouvernement a "définitivement renoncé à agir" pour les ménages en situation de précarité énergétique.
"Le gouvernement, après une hausse record des prix de l’énergie en 2010, annonçait un gel des prix. Pour se défausser deux mois après seulement!", dénoncent dans un communiqué les secrétaires nationaux PS Aurélie Filippetti (Energie) et Razzy Hammadi (Services publics).