La sécurité sur les plateformes d'hydrocarbures en mer du Nord s'est considérablement améliorée depuis l'accident de Piper Alpha il y a 25 ans, le plus meurtrier de l'histoire, mais le secteur ne doit pas cesser ses efforts, préviennent les acteurs de l'industrie.
Selon le dernier rapport de la fédération du secteur Oil & Gas UK sur la sécurité, publié le 13 juin, les fuites d'hydrocarbures ont diminué de 48% en trois ans, juste en dessous de l'objectif de 50% que s'est fixé l'industrie en 2010.
"Même si plusieurs incidents majeurs ont dû être gérés (notamment la fuite de gaz en mars 2012 sur la plateforme pétrolière Elgin exploitée par le français Total, ndlr), tous les taux de blessures (non fatales, nécessitant plus de trois jours d'arrêt et majeures ou fatales) déclinent", a souligné Robert Paterson, le directeur pour la sécurité de Oil & Gas UK.
Mais pour Jake Molloy, dont le syndicat RMT représente environ 6.500 des 28.500 personnes travaillant sur les plateformes en mer du Nord, "le fait que nous ayons eu 47 fuites de gaz majeures ou significatives l'année dernière ainsi qu'un certain nombre de blessures majeures montre qu'il y a toujours de la marge pour des améliorations".
"Il n'y a pas de place pour la complaisance", a reconnu Robert Paterson. "L'enquête sur le désastre de Piper Alpha a posé les fondations de ce qui est maintenant l'un des plus solides systèmes de sécurité offshore au monde et l'approche du vingt-cinquième anniversaire de cette tragédie doit nous rappeler que nous ne devons jamais cesser nos efforts pour améliorer la sécurité."
Le 6 juillet 1988 à 22h, un incendie se déclare après une explosion de gaz sur la plateforme de Piper Alpha au large d'Aberdeen en Écosse, d'où sortent 300.000 barils équivalent pétrole par jour. Bien que des travaux de maintenance aient été en cours, la production n'avait pas été interrompue.
Deux heures plus tard, la plus grande partie de la plateforme sombre dans la mer, emportant 167 hommes et laissant seulement 61 survivants, pour beaucoup gravement brûlés.
L'accident n'a pas seulement été causé par "des problèmes techniques ou humains", il a surtout été dû à des "déficiences dans la gestion des questions de sécurité", s'est souvenu Lord Cullen, le juge en charge de l'enquête, lors de la conférence "Piper 25" qui s'est tenue il y a deux semaines à Aberdeen.
Son enquête sur la catastrophe a débouché sur 106 recommandations, qui ont toutes été adoptées par le secteur.
Mais "aucune réglementation ne peut combler les déficiences sur la façon dont la sécurité est gérée" par l'équipe dirigeante, a martelé l'ancien juge, rappelant qu'il demeure "essentiel de créer une culture d'entreprise où la sécurité est comprise et acceptée comme la priorité numéro un".
Actuellement, "il y a toujours une certaine crainte parmi les travailleurs à faire part des problèmes de sécurité, en raison des conséquences que cela pourrait engendrer", a regretté Jake Molloy.
"Il suffit de voir ce qui s'est passé sur Deepwater Horizon: c'était l'un des équipements les plus avancés sur la planète et, malgré ça, les travailleurs sont morts principalement parce qu'ils n'ont pas été capables ou n'ont pas voulu rendre compte de ce qui se passait sur l'installation dans les semaines précédentes", a appuyé le syndicaliste.
L'explosion de la plateforme Deepwater Horizon dans le Golfe du Mexique, le 20 avril 2010, a fait 11 morts. A l'ouverture du procès civil en février dernier, l'avocat des autorités fédérales américaines a incriminé l'existence d'une "culture du mépris de la sécurité" chez le géant pétrolier BP qui opérait sur cette plateforme.