Le taux d'emprunt à 10 ans du Portugal se détendait très nettement vendredi matin sur le marché obligataire et repassait sous le seuil de 7%, les investisseurs misant sur une solution à la crise politique dans le pays après des propos rassurants du Premier ministre.
Vers 11H30 (09H30 GMT), le taux portugais, qui évolue en sens inverse de la demande, tombait à 6,972%, sur le marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise. La veille, il avait clôturé à 7,272%, après avoir grimpé au-dessus de 8% mercredi au plus fort de la crise politique.
"Il y a des espoirs de stabilisation politique dans le pays", souligne Frédérik Ducrozet, économiste chez Crédit Agricole CIB.
Les dirigeants portugais poursuivaient vendredi leurs négociations pour régler la crise politique tandis que le Premier ministre se voulait rassurant, affirmant jeudi soir avoir trouvé "une formule" en ce sens pour calmer les inquiétudes des marchés et de l'Europe.
Le Premier ministre n'en a pas précisé le contenu indiquant qu'elle devait encore faire l'objet de discussions avec le chef du petit parti conservateur, CDS-PP dont l'alliance avec le Parti social-démocrate (PSD) de M. Passos Coelho permet à la coalition au pouvoir depuis 2011 d'avoir la majorité au Parlement.
"On se rend compte que le pays ne fait pas face à un mouvement de rébellion dans la coalition, mais à des démissions motivées par des décisions personnelles", avec le départ de deux ministres importants, des Finances et des Affaires étrangères, cette semaine, selon l'économiste.
Les craintes des investisseurs avaient été d'autant plus vives au moment du déclenchement de la crise que le pays fait figure de bon élève auprès des créanciers internationaux et a l'espoir de revenir se financer sur les marchés en 2014 une fois que le plan d'aide aura pris fin.
M. Ducrozet ajoute par ailleurs que les mouvements observés sur la dette portugaise sont amplifiés par le fait que peu d'investisseurs échangent les obligations du pays, ce qui conduit à une forte volatilité.
Il souligne enfin que la dette des pays fragiles de la zone euro profitait également du discours accommodant tenu par la Banque centrale européenne (BCE) jeudi à l'issue de sa réunion, promettant des taux bas "aussi longtemps que nécessaire".
Le taux de l'Espagne reculait à 4,622% (contre 4,646%), tout comme celui de l'Italie à 4,366% (contre 4,395%).
Parmi les pays jugés solides, le taux de l'Allemagne progressait à 1,667% (contre 1,648%), tandis que celui de la France baissait à 2,252% (contre 2,263%).